Non catégorisé
Programmés pour se dérouler de février 2010 et décembre 2012, les travaux de réaménagement de la prestigieuse rue Alsace-Lorraine, axe nord-sud de la ville, visent à muer en zone piétonnière et cycliste cette grande voie haussmanienne, tout en la reverdissant avec la plantation de groupes d'arbrisseaux de moyenne hauteur. La création de ce grand axe au XIXème siècle fut à l'origine de la destruction controversée en 1869 de toute la partie sud du remarquable couvent des Augustins, dont un immense réfectoire surmonté du dortoir des moines ; la partie nord-est nous est heureusement parvenue intacte, abritant depuis 1791 le musée municipal des beaux arts, connu notamment pour la richesse de ses collections de sculptures romanes, provenant pour la plupart des démolitions effectuées dans les abbayes toulousaines, comme l'abbaye de saint Sernin, le couvent des Jacobins, la Basilique de la Daurade, le couvent des Cordeliers ...
LES ORDRES RELIGIEUX A TOULOUSE
Le 12eme siècle, dit siècle de Saint- Bernard, fut celui des cisterciens, de ces moines vivant dans le dépouillement absolu du travail de leurs mains et de prière dans des abbayes coupées du monde et du siècle, expression d'une société rurale, où est prégnante l'idée que par la vie sainte qu'ils mènent au fond de leur solitudes et par leurs prières, quelques saints hommes peuvent rachèter les péchés du monde et intercéder pour l'accès de tous au Paradis. Même les plus sombres crapules de l'époque, les seigneurs les plus cruels et sanguinaires de ce temps, rachètent leur place au paradis par leurs dons généreux aux plus saints parmi les saints, les moines cisterciens.
Mais la société évolue profondément au 12ème siècle ; deux facteurs, apparus en filigrane au 10ème, avec la fin des grandes invasions, sont les vecteurs de cette prodigieuse expansion qui transforme l'europe entière après les siècles de repli :d'abord, la croissance démographique ; lente, insensible d'abord, elle s'est accélérée au point qu'en deux siècles la population a triplé. Pour nourrir toutes ces nouvelles bouches, elle est à l'origine de la plus grande campagne de défrichement que connaîtra l'europe occidentale : c'est la moitié du territoire qui sera défrichée et mise en culture ("artiguer" dit-on en langue d'oc, "essarter" en langue d'oil), qui donneront à nos campagnes l'aspect traditionnel qui est le leur ;cela va de pair avec un enrichissement général, bien sur distribué de manière infiniment injuste, mais dont tout le monde profite peu ou prou, essentiellement les nobles et les gens d'église qui ne représentent que 5% de la population mas en absorbent la quasi-totalité ; expansion démographique, économique, et territoriale bientôt avec les croisades pour reconquérir le tombeau du Christ à Jérusalemen, dont la première est prêchée par le Pape en 1098, et qui projette pour quelques siècles l'occident chrétien vers des terres jusque là inconnues.
Cet enrichissement, l'usage qu'en font les abbayes bénédictines, ces abbayes qui au plus profond des siècles sombres ayant suivi la dissolution progressive de l'empire romain ont conservé et transmis la culture antique fondement de notre société, notamment "Cluny" qui en est la quintessence (selon le concept que l'abbaye constitue le Palais de Dieu sur terre, les moines en étant la cour terrestre ; à ce titre, les abbayes doivent être plus grandes et plus luxueuses que les palais des empereurs terrestres, les moines s'épuisant dans des célébrations ininterrompues, participant par cette liturgie au décorum somptueux, accompagnée par le "choral viril, violent, brutal des moines" (G.Duby) au combat éternel entre le mal et le bien, dont ils constituent l'avant garde divine sur terre, jamais en repos pour lutter contre le mal et arracher les âmes des morts du purgatoire), provoque une grave crise de conscience.
Dès la fin fin du 11e siècle, apparaît une remise en cause de l'institution monastique sous forme d'une aspiration vers un retour à la pauvreté, la simplicité évanlégiques ; cette recherche d'absolu peut prendre un tour révolutionnaire, comme pour les cathares en pays d'oc, avec le rejet de l'institution religieuse et le retour à la pureté du nouveau testament, prêché par l'exemple d'hommes allant toujours par deux, dépourvus de tout bien terrestre, les "bonshommes" ; mais elle est aussi présente au sein de l'institution, que des esprits les plus éclairés, veulent réformer de l'intérieur, dans la soumission au Pape et aux Evêques telles que définies par la règle de saint Benoît : les Camaldules apparus dès 1013 mais officiliasés par le Pape en 1072 (aujourd'hui disparus), les Chartreux crés en 1084 par saint Bruno, qui est venu étudier pendant quelques années à Molesmes auprès de saint Robert, et surtout les cisterciens, ces bénédictins qui ont suivi en 1098 l'abbé Robert de Molesmes jusqu'au tréfond d'un marais bourguignon inhospitalier à Cistel pour y vivre leur foi dans la plénitude de la règle bénédictine, dans le silence, l'ascétisme le plus total, avec des offices religieux simplifiés et écourtés, pour permettre aux moines de gagner leur vie par la vertu de leur seul travail, érigé au rang de valeur cardinale.
L'expansion cistercienne dans toute l'europe est fulgurante, historiquement unique : 750 abbayes érigées en un siècle et demi, toutes de simplicité et de rigueur, sans ornementation inutile, sans finalité autre que la parfaite intégration au travail manuel des moines et la simplicité liturgique. Beaucoup, notamment dans le sud-ouest, sont encore debout et constituent des haltes touristiques d'exception ... Mais malgré le triomphe cistercien marqué par l'élection de hauts dignitaires religieux issus de leurs rangs (dont plusieurs papes !), malgré la reconnaissance et le prestige immense accordé à cet ordre au-travers l'action de Bernard de Fontaine, l'abbé de Clairvaux, dernier docteur de l'église, associé en tant qu'arbitre à la résolution des problèmes les plus importants du siècle, la mission qui lui est confiée lors de la création de l'ordre des templiers dont le concile lui demande d'écrire le "statut", la société poursuit sa révolution .... De rurale, elle devient urbaine et le basculement va bientôt se produire avec la prise de pouvoir économique et politique des villes ; les cisterciens sont omniprésents, mais désarmés : saint Bernard lui-même, venu prêcher le retour à la foi catholique en pays cathare, ne réussira pas sa mission et quittera Verfeil, après un débat public avec les Parfaits, sous les quolibets !
Toutes les entreprises pacifiques de reconquête menées ensuite par les ambassades cisterciennes au nom du Pape seront des échecs ; les abbés cisterciens, ascètes religieux et hommes du silence, étaient-ils préparés à une telle mission ? L'histoire répond par la négative, puisque l'aube du XIIIe siècle voit apparaître les ordres mendiants, façonnés sur cet échec :
- D'abord, en territoire occitan, sur les terres des Comtes de Toulouse et de Carcassonne où , suite à l'échec de ses ambassades, le Pape a lancé une croisade, seulement rejointe parce qu'ils trouvaient là motif à se tailler un fief par la dépossession des Comtes et Barons locaux, les fils puinés de seigneurs franciliens conduits par le légat du Pape, l'Abbé de Cîteaux Arnaud Amaury, qui espère en retour le riche archevêché de Narbonne, et dont l'action, la conduite et les paroles constituent une tâche sur la pureté cistercienne. Car, traversant le pays pour accompagner l'évêque d'Osma en Scandinavie, le chanoine dom Dominique de Gusman se rend compte que c'est seulement en pratiquant la prédication auprès des fidèles cathares, en allant au-devant d'eux, pieds nus, mendiant leur pain, à l'exemple des "Bonhommes", qu'ils seront ramenés vers la "vraie foi". Dom Dominique de Guzman, saint Dominique, ne participera pas à l'action génocidaire des croisés ; fidèle à ses convictions, il fonde à Toulouse l'ordre dominicain en 1215 qui met en oeuvre avec succès sa devise "apostolat et contemplation" au moyen de la prédication et érige le remarquable couvent des Jacobins, le premier de l'ordre Ce n'est qu'après la mort du saint, que le Pape Innocent III, par sa bulle "Excommunicamus" en 1223, crée le Tribunal de l'Inquisition dont les dominicains seront les fidèles serviteurs ; souvent nommés Grands Inquisiteurs, leur image est attachée à cette terrible institution, dont l'un des leurs, Bernard Gui, a défini les principes mortifères aux Jacobins.Parallèlement, en Italie du Nord, autour de saint François à Assise, qui fonde cet ordre de prédicateurs allant prêcher deux par deux, mais qui pour être crédibles ne doivent rien posséder, être plus pauvres que les plus pauvres de leur ouailles, et sans cesse faire oeuvre de prédication, vivant de leur travail manuel ou de l'aumône.
Pour mener à bien leurs missions de prédication itinérante, ces ordres ne sauraient être reclus dans des abbayes, mais doivent aller au devant des gens du peuple, avoir la plus grande proximité avec eux ; c'est pourquoi, lorsque le concile de Latran en 1215 demande à ces nouveaux ordres de choisir entre la règle traditionnelle de saint Benoît, qui impose la stabilté monastique et des conditions économiques drastiques, incompatible avec leurs missions, ils optent pour la règle de saint Augustin, moins précise plus souple et moins dirigiste sur le plan matériel, mais plus tournée vers le spirituel.
Ces deux ordres mendiants s'établissent donc très tôt à Toulouse : 1215 pour les dominicains, 1222 pour les franciscains (frères mineurs) ; bien que tous deux assujetis à la "Règle de saint Augustin", ils ne sont en rien impliqués dans la construction du couvent des Augustins en centre-ville, à l'endroit même où s'élevait la ville romaine antique.
L'INSTALLATION DES ERMITES DE SAINT AUGUSTIN A TOULOUSE
La paternité en revient à un autre ordre, les Ermites de Saint-Augustin (Ordo Eremitarum Sancti Augustini), dernier ordre mendiant né tardivement dans la seconde partie du XIIIe siècle,, en 1256 de la volonté du Pape Alexandre IV de poursuivre la mise en oeuvre les décisions du concile de Latran IV (11 au 30 Novembre 1215, consacré notamment à la réfutation de la doctrine cathare) interdisant la multiplication des ordres religieux, qui a souhaité la fusion en un seul ordre de diverses congrégations érémitiques italiennes pratiquant la mendicité ; il sera par la suite intégré aux ordres mendiants par Boniface VIII en 1298, devenant le quatrième de cette famille qui a en commun de vivre sous la règle de saint Augustin, d'avoir fait voeu de pauvreté et de vivre d'aumône et dont la prédication est l'activité essentielle, qui comprend en sus les dominicains, les franciscains (frères mineurs, ou "cordeliers" en france), et les Carmes.
Les Ermites de saint Augustin arrivent très rapidement à Toulouse, en 1269, à l'initiative des chanoines réguliers de la basilique saint Sernin, qui s'étaient engagés à leur construire un couvent en échange de terres et de droits dont les nouveaux arrivants avaient déjà bénéficié par don ; leur établissement eut lieu hors les murs de la ville, à proximité de la Porte Montolieu ; mais ce lieu leur parut rapidement inapproprié et inadapté, notamment du fait de la proximité des fossés de la ville, qui servent alors d'égout !
Mais ils se heurtent alors au refus de l'évêque : outre les chanoines de la Cathédrale saint-Etienne et les chanoines de la Basilique saint Sernin, les ordres religieux sont fortement représentés dans la ville : les bénédictins sont bien établis dans la ville par les prieurés de saint Pierres des Cuisines et l'abbaye de la Daurade, toutes deux érigées alors en prieurés des moines cluniciens de saint Pierre de Moisssac ; les cisterciens sont hors les murs mais possèdent deux collèges renommés, le collège saint Jacques pour Notre-Dame de Granselve, et 21, rue Boulbonne pour la maison crée par les cisterciens de Mazères ; enfin, les nouveaux ordres prêcheurs ont investi la ville : c'est le berceau de l'ordre dominicain, qui édifie aux Jacobins un grandiose couvent, comme le font non loin de là les Franciscains aux Cordeliers. Malgré l'opposition des chanoines de saint Etienne, les Carmes ont entrepris en 1264 la construction d'un couvent sur des parcelles achetées aux juifs, avec l'accord du Comte de Toulouse Raymond VII, et ne font qu'en renforcer l'implantation avec de nouvelles acquisitions et la construction d'une grande église en 1277.
Les ermites de saint-augustin, avec patience et détermination, vont cependant y parvenir ; ils profitent pour cela de l'accès au pontificat le 24 Juillet 1305 de l'ancien évêque de saint-Bertrand-de-Comminges, devenu archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, sous le nom de Clément V et du refus du souverain pontife de s'installer au Palais du Vatican ; après son couronnement en 1305 à Vienne, le Pape fit un détour en bourgogne, avant de rentrer en Guyenne anglaise où il avait semble-t-il l'intention de s'installer. Mais alors que le roi de France Philippe IV le Bel a lancé son attaque contre les Templiers et exige du Pape qu'il cautionne cette entreprise, Clément V traîne encore des pieds et pour ne pas irriter plus encore Philippe-le-Bel va s'installer en 1309, provisoirement croyait-il dans le Comtat Venaissin, fief pontifical, où se dérouleront neuf pontificats et sera édifié le Palais des Papes d'Avignon.
En Janvier 1309, alors que Clément V a quitté la Guyenne pour le Comtat Venaissin et fait halte à l'abbaye cistercienne de Bonnefont, en Commminges, à côté de Saint-Gaudens, une délégation d'ermites toulousains est reçue par le saint Père et obtient l'autorisation d'acquérir des terrains en centre-ville pour y édifier un couvent. Bien que cette autorisation ait été confirmée par acte notarié sous le patronage de Gaillard de Preyssac, Evêque de Toulouse de 1305 à 1317, le chapitre de la Cathédrale et le Prévôt font un procés aux ermites, qui va durer 17 ans.
Alors que les ermites ont malgré tout entrepris, avec le concours de Jean-de-Lobres, maître d'oeuvre de la Cathédrale Saint-Etienne, la construction d'une église sur ce qui est aujourd'hui la rue des Arts, sur des terrains dont la propriété leur est en partie déniée par le chapitre de Saint-Etienne, le procès va leur apporter une première satisfaction en 1318 : en effet, l'un des motifs soulevés par le Chapitre pour s'opposer à l'édification du couvent était l'application d'une règle qui postulait que deux églises ne pouvaient se trouver à moins de 140 cannes (la canne valant approximativement 2 mètres) l'une de l'autre. Hors, l'intervention d'arpenteurs officiellement saisis pour mesurer la distance à vol d'oiseau entre les deux édifices détermine qu'ils se trouvent à 169 cannes l'un de l'autre.
Mais de procès en appel, ce n'est qu'en 1327 que la situation trouvera son règlement définitif : les ermites doivent régler une somme de 3500 livres pour dédommager le chapitre des trois maisons lui appartenant présentes sur le terrain du futur couvent, lui verser tous les ans à la Toussaint une somme de 2 florins d'or, célébrer des messes à la disparition de chaque chanoine, participer à toutes les pocessions épiscopales. et concéder aux chanoines une partie de la cire et des draps reçus pour chaque enterrement.
L'EDIFICATION DU COUVENT DES AUGUSTINS
Plusieurs décennies seront nécessaires, l'avancement par pallier des travaux étant étroitement lié aux ressources financières disponibles, notamment au-travers les dons des notables soucieux d'acquérir leur part de paradis, qui viendront à plusieurs reprises en aide aux ermites.
Dès 1327, ils débutent la construction de l'église dans sa totalité, ainsi que des différents bâtiments entourant le futur cloître. Jean Lobres, architecte de la cathédrale saint Etienne, y participe, prenant en charge la construction du chevet.
En 1341, les fondations du couvent sont quasiment achevées ; l'église est décorée intérieurement et reçoit à proximité du choeur un clocher en plan carré de forme campanilaire, hors d'oeuvre comme aux Jacobins, à proximité du choeur ; débute la même année la construction de la partie orientale du cloître, à côté de la salle capitulaire, qui est couverte..
Les travaux du cloître se poursuivent jusqu'en 1396 et sont l'oeuvre du pierrier Jean Maurin, qui construit les galeries Sud, Ouest et Nord, en harmonie avec la partie orientale qui était l'oeuvre de son Oncle, Jacques Maurin ; plusieurs chapelles viennent également compléter ce cloître.
La chapelle Notre-Dame de Pitié, offerte en 1327 par l'Evêque de Toulouse Gailhard de Pressac aux Ermites, sur le modèle des Jacobins, constituait la salle capitulaire. Mais le gouverneur du Languedoc, Louis d'Anjou, s'appropria la chapelle et en fit modifier les ouvertures, obligeant les ermites à construire une nouvelle salle capitulaire au sud, dans le même corps de bâtiment.
Cette expansion va être interrompue par le grand incendie qui, en 1463, à la suite de l'imprudence d'un boulanger, ravagea pendant 15 jours une grande partie de la ville de Toulouse.
La quasi-totalité des toits du couvent s'écroulent.
De par la volonté des fidèles et l'intervention du Pape Innocent VIII, qui en 1487 accorde des indulgences aux donateurs pour la reconstruction, ils seront refaits à partir de 1495 par les maçons Martin Pujol et Pierre d'Arroye et rapidement menés puisque l'église put être une nouvelle consacrée le 30 juin 1504.
Lorsque le 14 septembre 1550, la foudre s'abat sur le clocher, détruisant la flèche et les étages supérieurs, les difficultés financières et matérielles des ermites sont telles qu'ils doivent renoncer à une reconstruction à l'identique : le clocher perd donc un étage et demi et se présente désormais tel que nous le connaissons.
VIE DU COUVENT JUSQU'A LA REVOLUTION
Mais, comme les autres ordres, ils connurent entre le XVIe et la Révolution une baisse continue : 140 en 1518, 60 en 1649, 31 en 1680, quelques unités lors de la révolution.
Cette crise va de pair avec un amenuisement des ressources qui rend difficile l'entretien du couvent et son adaptation aux nouvelles conditions de vie.
Pourtant, il n'eurent pas à souffrir particulièrement des terribles fléaux que constituèrent la guerre de cent ans (1337 - 1453), puis les guerres de religion (seconde moitié du XVIe siècle) ; pendant ces heures sombres, les ermites s'étaient placés sous le protection de l'église catholique et de la monarchie, accueillant même en 1565 le roi Charles IX venu présider une session des états du Languedoc réunie dans le grand réfectoire du couvent.
Les destructions les plus graves sont l'oeuvre d'une bande de pilleurs qui, en 1542, s'introduisit dans le couvent pour voler ou détruire la bibliothèque, les archives, l'intégralité du linge, des objets liturgiques et mobiliers précieux, des titres et espèces ; malgré l'excommunication dont ils furent frappés, les pillards ne furent jamais arrêtés et le couvent ne put récupérer les biens volés.
Le couvent ne subit que peu de dommages lors de la révolution française ; mais les lois du 13-02-1792 de suppression des ordres religieux contemplatifs, d'interdiction des voeux et de fermeture des monastères, complétée par la loi du 06-04-1792 interdisant le port de l'habit religieux et supprimant les ordres religieux et congrégations signent son arrêt de mort et contraignent les quelques ermites encore sur place, à quitter définitivement.
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UNE NOUVELLE VOCATION : MUSEE
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en 1823, le Conseil Municipal, sur proposition de l'architecte Virevent, fait abattre les murs de séparation entre Sacristie, Chapelle ND de Pitié et salle capitulaire pour constituer une salle unique d'exposition ; en 1831, le Conseil Municipal accepte la proposition de l'architecte Vitry de transformer le musée en "Temple des Arts", élevé sur pilotis dans l'église même ; les fenêtres hautes du flanc sud sont cassées de manière arbitraire, ce qui vaudra à Toulouse le qualificatif de "patrie du vandalisme" délivré par le Comte de Montalembert ; afin de faire disparaître le caractère religieux de l'édifice, Vitry suspend à la voûte gothique une voûte en berceau plein cintre à la PHilibert De Lorme !enfin, en 1868, pour permettre la création de deux grands axes haussmaniens devant se croiser à angle droit devant le couvent (rue Alsace-Lorraine et rue de Metz), le magnifique réfectoire, surmonté du dortoir des moines, malgré un avis favorable de l'Inspecteur des Monuments historiques pour classement de l'édifice, sera détruit.en 1873, Viollet-le-Duc est commis pour achever le musée et restaurer les bâtiments existants. La partie la plus importante est la construction, le long de la rue Alsace, d'une nouvelle aile dont la construction s'échelonna sur trente ans, et mit un terme en 1901 aux travaux du nouveau musée .
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Les travaux menés au XXeme sont des aménagements intérieurs destinés à améliorer l'accessibilité du Musée et mettre en valeur les collections uniques qu'il recèle.
La Basilique est si riche que sa visite peut-être abordée selon diverses thématiques :
- pour l'architecte, par l'équilibre parfait, l'harmonie, la simplicité et le raffinement de ses formes et dimensions, le refus de tout excès, produisant cette impression de sérénité, d'apaisement , de calme infini commun aux édifices romans ;
- pour le croyant et le pèlerin de saint Jacques, c'est l'édifice sacré renfermant le plus de reliques sacrées et de saints de tout l'occident chrétien ;
- pour l'historien d'art, c'est un musée unique de la sculpture romane, alliant les représentations héritées des camées carolingiens du déambulatoire, aux premières et maladroites sculptures romanes de la porte des Comtes, jusqu'au roman accompli et maîtrisé de la porte Miègeville dont les chapiteaux et le tympan, véritables bandes dessinées pour l'édification des pèlerins de saint Jacques parlaient si bien à nos lointains ancêtres et dont nous avons perdu le sens aujourd'hui
- pour le peintre, c'est l'écrin de peintures romanes visibles encore aujourd'hui et que le temps efface aussi sûrement qu'inéluctablement.
Elles ont la spécifité de se trouver sur le côté septentrional de l'édifice, plus particulièrement dans la nef ou à proximité de la nef.
C'est le cas pour les deux premières que nous allons découvrir, qui se trouvent sur les deux dernières piles qui séparent les collatéraux ; ces deux peintures, d'égale dimension, se font face à une hauteur importante. Elles sont datées approximativement de l'année 1140 ; côté occidental, nous trouvons le fameux "Noli me tangere"
"Noli me tangere", "Ne me touche pas", sont les paroles du Christ ressuscité lorsqu'il aparaît à Marie-Madeleine. Dans la peinture religieuse, les "Noli me tangere" sont un classique, une figure de style académique auquel les plus grands peintres, du Giotto à Titien, se sont essayés au-cours des siècles.
Celui de Saint-Sernin est infiniment modeste ; en sus, les couleurs disparaissent et le dessin s'efface. Malgré les très nombreuses photos prises, avec ou sans aide de lumière artificielle, l'outrage de dix siècles semble irrémédiable. On distingue bien cependant les pieds rentrants et dansants du Christ ; les spécialistes rapprochent ce style à l'art du sculpteur Gilabertus qui fut actif au XIIe siècle dans le cloître de la Cathédrale Saint-Etienne.
La seconde oeuvre, côté oriental, représente un ange assis sur un nuage.
La plus vaste des peintures murales romanes de Saint-Sernin se trouve sur le croisillon nord du transept. Elle aurait été peinte vers 1180 ; c'est une très vaste composition haute de 7 m 75 sur 3 m 30 de large ; en cinq tableaux superposés, elle traite du thème de la résurrection :
- le premier tableau, en bas, à droite de la porte d'un escalier d'accès aux tribunes,traite de la mort de Jésus, figuré par deux soldats gardant le tombeau dans lequel le corps a été placé après sa mort sur la croix. On ne distingue plus désormais que les boucliers des soldats.
- le second traite de la résurrection : le matin de Pâques, les Saintes Femmes (Marie, mère de Jacques ; Salomé et Marie-Madeleine) viennent oindre d'huile le corps du Christ. L'Ange de la résurrection leur montre le tombeau vide
- la troisième composition est relative à l'annonce de la venue d'un Messie : Jérémie à droite, Isaïe (?) à gauche, deux prophètes de l'ancien testament qui ont annoncé la venue d'un Messie pour sauver le peuple hébreu, adorent l'image du Christ ressuscité au-dessus d'eux
- le quatrième tableau représente au centre le Christ ressuscité, en majesté dans une mandorle, tel qu'on le retrouve sur le bas relief du déambulatoire, présentant le Livre ; de part et d'autre, alpha et oméga rappellent qu'il est principe et fin de toute chose. Il est entouré de deux personnages sacrés, auréolés de lumière : Marie, sa mère, symbôle de l'incarnation et Jean-Baptiste, son cousin, prophète qui a annoncé la venue du Messie et a l'a baptisé dans le Jourdain, symbôle de rédemption.
- le cinquième thème n'est plus visible ; il représentait deux anges agenouillés, témoins de la Résurrection, qui entouraient une image du Christ ressuscité, effacée également.
Toujours dans le collatéral ouest, dans l'angle où est exposé l'original du sarcophage paléochrétien dit "du Comte de Toulouse Guillaume Taillefer" (fin du IVe - début Ve), dans une niche, protégé par une vitrine, est présenté un portrait de saint Augustin donnant sa règle monastique. Il ornait, nous dit-on, initialement une niche du cloître ; bien que le temps le dissolve peu à peu, une représentation ancienne nous indique que saint Augustin est accompagné par deux clercs tonsurés : l'un porte la crosse épiscopale, l'autre, dont on ne devine plus qu'un pupitre, écrivait sous la dictée du saint.
Derrière le sarcophage, très peu visible, les restes d'une importante crucifxion :
LA ROUTE DU SUD
Après la résurrection du Christ, les apôtres, ses disciples, partirent évangéliser le monde. L'évangélisation de la péninsule ibérique fut attribuée par la légende à saint Jacques.
Sa sépulture fut miraculeusement découverte, vers 820-830 en Galice, et les chrétiens d'Espagne firent de saint Jacques le porte drapeau de la reconquête des territoires occupés par les Maures musulmans.
Faire voeu de pélerinage, c'était se lancer dans une dangereuse aventure avec foi et courage. Les routes suivies étaient jalonnées de lieux sanctifiés par des reliques précieuses ou par des manifestations surnaturelles. Les pélerins de Compostelle étaient reconnaissables à leur bâton de marche (bourdon), et à la coquille qu'ils accrochaient à leur chapeau.
Venus de toute l'Europe, les chrétiens empruntaient l'un des quatre itinéraires principaux permettant de franchir les Pyrénées pour atteindre Compostelle.
Le plus méridional, partant de la vallée du Rhône, était appelé "Via Tolosana" à cause du passage obligatoire par Toulouse.
A Toulouse, la basilique Saint-Sernin, au même titre que l'abbaye des Jacobins, la Cathédrale Saint-Etienne ou l'Hôtel Dieu Saint Jacques restent toujours des haltes jacquaires éminentes, essentielles et prestigieuses, d'un très haut niveau spirituel pour les pélerins empruntant la "via Tolosana" (la plus au sud, reliant Arles à Saint Jacques via Auch et le col du Somport), tant par la qualité monumentale et spectaculaire de l'architecture des bâtiments des XIe et XIIe siècle, que par le renom des saintes et saints dont elles recèlent les reliques.
Certains pélerins s'efforcent de faire des films vidéo de ces merveilles et de nous les faire partager ; les deux films qui suivent se trouvent sur "YouTube" et sont très complets. Le premier traite des abords et de l'intérieur de la basilique Saint-Sernin, le second est spécificiquement consacré à la crypte.
Des détails supplémentaires peuvent être découverts sur le site de l'auteur, à l'adresse : https://vppyr.free.fr/
Les chemins de pèlerinage ont été déclarés par le Conseil de l'Europe, en 1987, "premier itinéraire culturel européen". En 1998, ils ont été inscrits au patrimoine mondail de l'UNESCO sous la forme d'une série de monuments individuels d'une importante signification historique définissant le tracé des routes de pèlerinage en France (déjà l'Espagne avait obtenu en 1993 l'inscription du chemin de Saint-Jacques à partir des cols pyrénéens)..
De ce fait, la basilique Saint-Sernin est entrée dans le cercle prestigieux des monuments classés par l'UNESCO sur la route la plus méridionale vers Compostelle.
La Basilique est si riche que sa visite peut-être abordée selon diverses thématiques :
- pour l'architecte, par l'équilibre parfait, l'harmonie, la simplicité et le raffinement de ses formes et dimensions, le refus de tout excès, produisant cette impression de sérénité, d'apaisement , de calme infini commun aux édifices romans ;
- pour le croyant et le pèlerin de saint Jacques, c'est l'édifice sacré renfermant le plus de reliques sacrées et de saints de tout l'occident chrétien ;
- pour l'historien d'art, c'est un musée unique de la sculpture romane, alliant les représentations héritées des camées carolingiens du déambulatoire, aux premières et maladroites sculptures romanes de la porte des Comtes, jusqu'au roman accompli et maîtrisé de la porte Miègeville dont les chapiteaux et le tympan, véritables bandes dessinées pour l'édification des pèlerins de saint Jacques parlaient si bien à nos lointains ancêtres et dont nous avons perdu le sens aujourd'hui
- pour le peintre, c'est l'écrin de peintures romanes visibles encore aujourd'hui et que le temps efface aussi sûrement qu'inéluctablement.
Elles ont la spécifité de se trouver sur le côté septentrional de l'édifice, plus particulièrement dans la nef ou à proximité de la nef.
C'est le cas pour les deux premières que nous allons découvrir, qui se trouvent sur les deux dernières piles qui séparent les collatéraux ; ces deux peintures, d'égale dimension, se font face à une hauteur importante. Elles sont datées approximativement de l'année 1140 ; côté occidental, nous trouvons le fameux "Noli me tangere"
"Noli me tangere", "Ne me touche pas", sont les paroles du Christ ressuscité lorsqu'il aparaît à Marie-Madeleine. Dans la peinture religieuse, les "Noli me tangere" sont un classique, une figure de style académique auquel les plus grands peintres, du Giotto à Titien, se sont essayés au-cours des siècles.
Celui de Saint-Sernin est infiniment modeste ; en sus, les couleurs disparaissent et le dessin s'efface. Malgré les très nombreuses photos prises, avec ou sans aide de lumière artificielle, l'outrage de dix siècles semble irrémédiable. On distingue bien cependant les pieds rentrants et dansants du Christ ; les spécialistes rapprochent ce style à l'art du sculpteur Gilabertus qui fut actif au XIIe siècle dans le cloître de la Cathédrale Saint-Etienne.
La seconde oeuvre, côté oriental, représente un ange assis sur un nuage.
La plus vaste des peintures murales romanes de Saint-Sernin se trouve sur le croisillon nord du transept. Elle aurait été peinte vers 1180 ; c'est une très vaste composition haute de 7 m 75 sur 3 m 30 de large ; en cinq tableaux superposés, elle traite du thème de la résurrection :
- le premier tableau, en bas, à droite de la porte d'un escalier d'accès aux tribunes,traite de la mort de Jésus, figuré par deux soldats gardant le tombeau dans lequel le corps a été placé après sa mort sur la croix. On ne distingue plus désormais que les boucliers des soldats.
- le second traite de la résurrection : le matin de Pâques, les Saintes Femmes (Marie, mère de Jacques ; Salomé et Marie-Madeleine) viennent oindre d'huile le corps du Christ. L'Ange de la résurrection leur montre le tombeau vide
- la troisième composition est relative à l'annonce de la venue d'un Messie : Jérémie à droite, Isaïe (?) à gauche, deux prophètes de l'ancien testament qui ont annoncé la venue d'un Messie pour sauver le peuple hébreu, adorent l'image du Christ ressuscité au-dessus d'eux
- le quatrième tableau représente au centre le Christ ressuscité, en majesté dans une mandorle, tel qu'on le retrouve sur le bas relief du déambulatoire, présentant le Livre ; de part et d'autre, alpha et oméga rappellent qu'il est principe et fin de toute chose. Il est entouré de deux personnages sacrés, auréolés de lumière : Marie, sa mère, symbôle de l'incarnation et Jean-Baptiste, son cousin, prophète qui a annoncé la venue du Messie et a l'a baptisé dans le Jourdain, symbôle de rédemption.
- le cinquième thème n'est plus visible ; il représentait deux anges agenouillés, témoins de la Résurrection, qui entouraient une image du Christ ressuscité, effacée également.
Toujours dans le collatéral ouest, dans l'angle où est exposé l'original du sarcophage paléochrétien dit "du Comte de Toulouse Guillaume Taillefer" (fin du IVe - début Ve), dans une niche, protégé par une vitrine, est présenté un portrait de saint Augustin donnant sa règle monastique. Il ornait, nous dit-on, initialement une niche du cloître ; bien que le temps le dissolve peu à peu, une représentation ancienne nous indique que saint Augustin est accompagné par deux clercs tonsurés : l'un porte la crosse épiscopale, l'autre, dont on ne devine plus qu'un pupitre, écrivait sous la dictée du saint.
Derrière le sarcophage, très peu visible, les restes d'une importante crucifxion.
La Porte Miegeville (1110-1115) est situé sur la face sud de l'édifice, dans l'axe de la rue du Taur, qui avec la rue de Rome constituait depuis la Place Esquirol, centre de la Cité romaine, l'axe nord - sud qui coupait la ville en son milieu, reprenant le tracé de l'ancienne voie romaine, le "cardo maximus", que parcourut le taureau furieux traînant depuis le forum (actuelle Place Esquirol) le corps attaché et désarticulé de St Satunrin, jusqu'à la rue du Taur, au niveau actuel de l'Eglise éponyme.
Bien que dotée d'un seul portail, elle constitue de par son positionnement, l'entrée principale de la Basilique, la seule comportant également un tympan et un linteau historié.Elle doit son nom à ce positionnement, "Miègeville" étant la transposition de son nom occitan "Miéja Vila" qui la situait face à la rue qui parcourait le Centre Ville.
L'avant-porte renaissance :
Elle est précédée de l'avant-porte renaissance, qui est l'unique vestige demeurant de l'ancienne abbaye greffée à la Basilique ; elle est de style renaissance, mais était très dégradée et sale au XIXe siècle, de telle sorte que les travaux de restauration de Viollet-le-Duc : couronnement d'un fronton triangulaire à la place du semi-circulaire en place jusque là, reconstitution de la sculpture du tympan en motifs floraux (plateresque).
Sur les quelques mètres séparant les deux portes, bordées par des grilles forgées, quelques pannonceaux pour renseigner les visiteurs, notamment celui de l'UNESCO informant que ce bâtiment est classé sur la liste des chefs d'oeuvre de l'humanité au titre des Chemins de Compostelle
La porte Miègeville : tympan et linteau
Le tympan l'un des premiers de l'art roman, classé en raison de représente l'Ascension de Jésus-Christ, représente la part céleste de l'oeuvre ; entouré de six anges, le Christ est le personnage central, le plus grand. Il est debout, mains levées, sa tête auréolée regardant vers le ciel est dissimulée par les nuées. Soutenu par deux anges, il a déjà quitté la terre et se trouve déjà au royaume céleste. La présence des six anges témoigne de sa divinité : de part et d'autre de Jésus, deux anges l'élèvent ; les deux suivants, aux grandes ailes, profondément recueillis l'accompagnent de leur regard et du geste de leurs bras ; les deux recroquevillés dans les coins l'acclament.
Le linteau est la part terrestre et complémentaire de l'oeuvre : à chacune des ses extrêmités, deux anges coiffés d'un bonnet pointu encadrent les douze apôtres compagnons du Christ ; ils les encouragent pour apporter sur la terre entière la nouvelle de la Résurrection du Christ. Les douze apôtres ont le visage tourné vers le ciel et assistent à l'Ascension, marquant leur surprise par des gestes sujectifs qui traduisent leur émotion.
Les consoles :
A chaque extrêmité, le linteau est soutenu par des consoles dont la face interne a été historiée :
Celle de gauche représente le roi David, en musicien barbu et couronné, tenant dans sa main gauche un instrument à cordes et dans la droite un archet ; il est assis sur deux lions qui se croisent en X dans son dos, et dont les gueules ressortent de chaque côté de ses épaules. Celui-ci est le souverain idéal, symbôle du pardon et du rachat ; il a commis une grande faute (adultère avec Bethsabée), mais il s'en est confessé et a montré le restant de sa vie qu'il s'agissait d'une erreur passagère ! Il est donc également symbôle du pardon.
Celle de droite est plus énigmatique : deux anges à visage pouppin, coiffés d'une sorte de bonnet phrygien (comme ceux du linteau), chevauchent chacun un lion dont ils ramènent avec leur bras la tête sur leur genou. Chacun a un pied chaussé, l'autre nu.
Pour beaucoup de commentateurs les deux linteaux sont complémentaires ; les lions symbolisent le mal que le Roi David et les Anges combattent et jugulent.
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Les chapiteaux :
Les chapiteaux en tête de colonnes de la Porte Miègeville sont historiés :
Annonciation et visitation
Marie, cheveux voilés, un bras plié, l'autre tendu, mais paumes ouvertes accepte l'annonce que l'Ange Gabriel, que l'on reconnait à ses ailes et à la croix qu'il porte, vient de lui signifier comme quoi elle a été choisie comme Mère de Jésus-Christ, fils de Dieu. C'est l'Annonciation.
Sur l'autre face du même chapiteau, elle étreint sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste, en présence d'un ange qui porte une croix et un livre ; c'est la "Visitation"..
Le massacre des innocents
Sur une face, un soldat tient dans une main son glaive et dans l'autre la tête d'un enfant qu'il s'apprête à massacrer ; sur l'autre face, d'autres mères dans l'affliction amènent leur nouveau-né qui va être sacrifié pour satisfaire la volonté du roi Hérode, auquel ses mages ont annoncé la naissance du Roi des Juifs, qui fait tuer les nouveaux nés pour éliminer tout rival éventuel. Jésus, sur l'initiative de Joseph, sera conduit en Egypte, pour échapper à ce massacre.
Expulsion d'Adam et Eve du Paradis terrestre
Nus, un homme et une femme qui tentent de cacher leur nudité avec une feuille de vigne, et symbôlisent Adam et Eve chassés de l'Eden pour avoir mangé le fruit de l'arbre de la connaissance. D'abord Eve, tentée par le serpent, puis Adam ; Eve représente le "mal" pour les chrétiens de cette époque.
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Les statues :
De chaque côté, tympan et linteau sont encadrés d'une grande statue.
Saint Pierre :
C'est la statue de droite, facilement reconnaissable car son nom est gravée et il porte le trousseau de clés, symbole pour les chrétiens du royaume des cieux. Jésus lui a confié la direction de la future église ; son oeuvre missionnaire l'a conduit jusqu'à Rome, où il fut martyrisé sous Néron.
Un bas relief au-dessus de sa tête représente deux Anges, porteurs d'une couronne et d'une hostie, symbôles du pouvoir que lui a confié Jésus Christ.
Sous ses pieds, Simon le Magicien, assis sur un fauteuil que deux démons effrayants, tentent vainement d'envoyer vers le ciel ; mais Simon le Magicien n'accèdera jamais à l'ascension : il a été condamné par Pierre auquel, après son baptême chrétien, il avait voulu acheter le pouvoir de faire des miracles. Il a donné son nom à la "simonie", qui est le fait de vendre des biens religieux contre des biens temporels, fortement condamnée par la réforme grégorienne.
Saint-Jacques :
La statue de gauche est celle de Saint Jacques ; son nom est gravé sur le limbe et il porte les Evangiles. Persécuté par Hérode, il fut martyrisé et son corps arrivé en Espagne et inhumé à Saint Jacques de Compostelle donné naissance au Pélerinage qui enflamma la chrétienté durant plusieurs siècles et dont la Basilique Saint Sernin fut l'une des étapes les plus glorieuses.
Le sens de la plaque qui le surmonte est encore indécise : deux hommes assis face à face semblent prisonniers dun "rinceau" de feuillages.
La plaque en-dessous n'est guère plus compréhensible : deux femmes sont assises, chacune sur le dos d'un lion qui sont positionnés dos à dos, dans des directions opposées ; derrière elles, un homme, assis également, les bras ouverts tient avec ses mains leurs têtes qu'il semble vouloir rapprocher et rassembler. Pour , le Patriarche serait Abraham, les deux femmes ses épouses Sarah et Agar, symbôles de l'ancien et du nouveau testament, qui se scrutent l'un l'autre pour se révéler complètement. Le trio incarne le fondement de la chrétienté, et rappelle l'accomplissement de l'ancien testament par le nouveau, que Jésus est bien le messie.
Les médaillons :
Evoquer Saint-Sernin, c'est toucher les sources mêmes de la déliquescence de l'Empire Romain, ce terrible et malheureux IIIe siècle surnommé "Siècle de l'Anarchie militaire". Alors que ROME domine encore tout le monde méditerranéen, la Gaule et la Bretagne, elle porte déjà en elle les poisons qui après deux siècles de progressive dégénerescence signeront sa dissolution, la fin de l'antiquité et le début d'une nouvelle ère.
INSTABILITE POLITIQUE ET ANARCHIE MILITAIRE
D'abord, la totale et incroyable instabilité qui caractérise son gouvernement, un exécutif, placé entre les mains d'un homme seul, un Empereur issu des rangs militaires.
Dans cet Empire gigantesque, le temps n'est plus à l'expansion infinie pour acquérir les richesses indispensables à une économie frustre qui repose sur le pillage des contrées conquises et la réduction en esclavage des peuples vaincus pour assurer le bon fonctionnement de l'Empire, tant dans la vie quotidienne et le confort des citoyens romains que pour la production agricole et la satisfaction des besoins ; les frontières s'étendent sur des milliers de kilomètres et font l'objet de raids incessants des "barbares" qui viennent à leur tour piller les villes romaines, considérées comme des coffres-forts où viennent se servir, et réduire en esclavage les populations avant de rentrer chez eux jouir de leurs butins. L'armée romaine est puissante, sans équivalent encore, mais elle doit intégrer dans ses rangs de plus en plus de barbares, dont certains font de brillants carrières, pour se déployer le long des frontières et faire face à toutes les invasions qui ne manquent de se produire ici et là. En sus, autant elle est puissante lorsqu'elle peut se déployer, autant elle est fragile dans les forêts si étendues où vivent les peuples barbares, qui l'ont bien compris et qui évitent de l'affronter en terrain découvert pour mieux lui tendre des embuscades lorsqu'elle se lance à leur poursuite dans des zones moins favorables à son déploiement.
LA FIN DE LA PAX ROMANA ET DE LA PROSPERITE
Mais ce chaos politique permanent n'est pas la seule faiblesse qui frappe ROME ; la prospérité économique et la "pax romana" qui caractérisait depuis deux siècles ROME et le monde sur lequel s'étend l'Empire disparaît elle aussi. La siuation économique est catastrophique à la moitié du IIIe siècle, et les populations éprouvent beaucoup de mal à s'alimenter correctement, ce qui ne manque pas de provoquer de graves émeutes, à ROME même. D'autant plus, un malheur n'arrivant jamais seul, que de terribles épidémies de peste frappent ROME et l'EMPIRE, contre lesquelles les médecins sont impuissants, et peuvent en quelques jours décimer la population.
RELIGIONS NOUVELLES, FACTEURS DE TROUBLES
Depuis 236, la chrétienté s'est donné un nouveau Pape, qui présente la particularité d'être le premier laïc élu, FABIEN. Excellent administrateur, il a réorganisé l'église de Rome en la divisant en sept diaconats, dirigés chacun par un Diacre.
En cette période lointaine où les premiers chrétiens vivent surtour dans les provinces orientales de l'Empire, l'histoire a qualifié Fabien de d'Evangélisateur des Gaules, car il y délégua pour y prêcher l'Evangile et l'organiser solidement l'église sept missionnaires, tous entrés dans notre histoire pour l'action qu'ils menèrent et le martyre qu'ils reçurent :
- Paul, saint, premier evêque de Narbonne ;
- Trophime, saint, premier évêque d'Arles ;
- Martial, saint, premier évêque de Limoges où il établit son siège épiscopal après avoir prêché à Bordeaux, Poitiers et Saintes ;
- Autremoine (Stremonius), saint, premier évêque de Clermont ;
- Gatien, saint, premier évêque de Tours ;
- Denis, saint, premier évêque de Paris ;
- Saturnin (ou Sernin), saint, premier évêque de Toulouse
PHILIPPE L'ARABE TRAHI PAR DECE,
C'est une relative accalmie dans la "chasse" aux chrétiens qui permit à Fabien de prendre ces initiatives ; mais aussi parce que en février 244 a été acclamé Empereur par ses troupes le syrien Philippe l'Arabe, dans les troubles qui suivent la défaite et la mort au combat contre les Perses de Gordien III. Philippe réussit à faire la paix avec les Perses en leur versant une très forte rançon, et réorganise l'armée d'orient en mettant à sa tête ses proches. A ROME, il coupe avec la politique précédente en se montrant ouvert au dialogue et en recevant les forces nouvelles qui agitent la société, au premier rang desquels les chrétiens. Philippe se montre bien disposé à leur égard, les reçoit auprès de lui, se fait expliquer leur religion. A tel point que certains l'accuseront d'être, 70 ans avant Constantin, le premier Empereur chrétien !
Le 21 avril 247, sous son règne, sont célébrés fastueusement les "Jeux Séculaires" qui fêtent le millénaire de la fondation de Rome.
Mais cette ouverture d'esprit ne sied à tous ses proches, et notamment au Préfet de la Ville, DECE, qui est son dévoué collaborateur et conseiller, mais un pur conservateur en matière politique et une sorte d'illuminé de l'ancienne religion traditionnelle pour lequel le sacrifice aux dieux est le centre de la pratique religieuse, tant il permet de ne pas provoquer la colère des dieux et leur vengeance sur les humains par toutes sortes de malheurs qu'ils déversent sur les fidèles irrespectueux.
Et les Dieux sont très en colère contre ROME, tant les malheurs et les catastrophes s'abattent sur l'Empire en ce siècle maudit !
Des "usurpateurs" (militaires acclamés Empereur par leurs troupes) apparaissent, dont le plus dangereux pour lui est PACATANIUS, qui commande l'armée qui fait face aux Goths en "Moésie", les actuelles SERBIE et BULGARIE. Pacatanius pervient à les repousser et ses légionnaires, natifs de MOESIE, estiment que PHILIPPE l'ARABE ne fait rien pour ces populations, aussi acclament-ils PACATANIUS. PHILIPPE l'ARABE demande conseil à DECE, qui, avec beaucoup d'expérience, lui conseille de ne pas bouger, s'agissant d'une petite révolte qui va s'effondrer d'elle-même
PHILIPPE l'ARABE, peu rassuré, envoie cependant DECE auquel il a toute confiance, en MOESIE dont il fut gouverneur, pour mater la révolte et rétablir le calme ; comme il l'avait prévu, la révolte s'est calmé d'elle-même et PACATANIUS a été assassiné par les mêmes troupes qui l'avaient acclamé EMPEREUR ! Mais le prestige et la réputation de DECE, considéré comme un vrai dur, impressionne les troupes désemparées et sans chef. Natif de Pannonie mais ancien gouverneur de MOESIE, DECE comprend bien les légionnaires et les problèmes qu'ils exposent et sait leur montrer montrer tout son intérêt ! A son corps défendant, ces troupes l'acclament comme EMPEREUR et font part de leur intention de marcher avec DECE à leur tête sur ROME pour le faire reconnaître Empereur par le SENAT. Il s'agit des troupes les plus aguerries et résistantes de l'EMPIRE, et DECE sent bien leur détermination ; il répond donc positivement à leur détermination et marche sur ROME
PHILIPPE l'ARABE n'a plus avec lui que les quelques légions de réserve de l'armée impériale à lui opposer, formées de légionnaires peu expérimentés ; malgré sa très nette infériorité numérique, il affronte DECE en ITALIE du NORD, près de Vérone à l'automne 249 ; mais la bataille est trop disproportionnée et il perd la vie, avec nombre de ses légionnaires, dans ce combat.
DECE TRAJAN, EMPEREUR DES ROMAINS
DECE a dès lors la voie libre vers ROME, où le SENAT le légitime
Conservateur, DECE met en oeuvre la politique en laquelle il croit pour sauver l'EMPIRE : celle héritée du principat d'AUGUSTE : l'obeïssance, la Piété, la Pudeur pour la femme romaine, la fertilité ; c'est dans la mise en oeuvre de la Piété que DECE va acquérir devant l'histoire, malgré la brièveté de son règle, le statut de grand persécuteur des chrétiens.
Car DECE croit sincèrement en la religion traditionnelle de ROME, et dans les sacrifices dont les fidèles doivent abreuver les Dieux afin que ceux-ci ne manifestent par leur courroux ; or, en ce milieu de IIIe sièce, ils sont, vu les malheurs qui s'abattent sur ROME, très courroucés !
Ses premieres décisions d'Empereur consistent à rétablir de manière obligatoire le culte traditionnel autour de l'Empereur, pour bien manifester l'unité de l'Empire autour de son maître.
Il exige donc que ce culte devienne obligatoire, mais en sus que chaque citoyen sacrifie publiquement à ce culte et qu'aucun ne puisse y déroger sous peine de mort.
Pour cela, il s'appuie sur les registres nominatifs des impôts, et décide que chaque citoyen recevra après accomplissement du sacrifice, une attestation officielle, un "libellus", témoignant qu'il a bien accompli la volonté impériale. Faute d'obéïssance, la sanction est terrible puisqu'elle va jusqu'à la mort ! Cette édit est clairement dirigé contre les chrétiens, qui ne peuvent, sous peine de pêché mortel, avoir un autre Dieu que le leur.
Quelles ressources ont donc les chrétiens pour faire face :
- soit résister et refuser le sacrifice ; c'est celle de la hiérarchie catholique. Pour faire un exemple, DECE fait arrêter le Pape FABIEN, le fait torturer, puis décapiter sur la VIA APPIA le 20 janvier 250.
- soit s'enfuir : ceux qui le peuvent, quittent la ville et se retirent dans leurs propriétés lointaines ; les fidèles eux peuvent fuir les villes et se réfugier dans les forêts aux marges de l'Empire où elles deviennent la proie des barbares qui leur font subir les pires outrages avant de les exterminer. Plusieurs milliers de chrétiens seront martyrisées dans ces conditions.
- soit acheter un certificat de complaisance, les autorités acceptant alors un sacrifice de complaisance
- soit procéder au sacrifice ordonné par l'Empereur ; ils seront nommés les "lapsi" et la question de leur réintégration au sein de l'église se posera après la fin des persécutions en 251.
Malgré le retour sanglant à la tradition romaine séculaire, aucun des problèmes affrontés par ROME n'est résolu :
Les frontières sont toujours aussi poreuses et font face aux invasions sans cesse plus profondes des peuples barbares
Les épidémies de peste ou de typhus continuent leurs ravages, faisant plusieurs milliers quotidiens de morts à ROME où les cadavres jonchent les rues
Dans ces conditions, l'économie est dans un état désastreux, dans l'impossibilité d'apporter le minimum vital dans les grandes villes de l'Empire.
En MOESIE, les Goths et les Dasques réunis sous la bannière du roi CRIVA ont de nouveau franchi le DANUBE et s'enfoncent très profondément en territoire impérial, pillant les villes, massacrant les habitants ou les faisant prisonniers pour les revendre comme esclaves.
la situation est tellement grave que DECE doit lever des troupes pour partir sur place, avec son fils aîné dont il voulait faire son successeur, et écraser définitivement les barbares.
Les combats dureront six mois et tourneront tantôt à l'avantage des uns, tantôt à l'avantage des autres. A l'été 251, DECE qui a remporté quelques succès, plutôt que de renforcer ses frontières, décide de poursuivre ses ennemis et leur coupe la route dans la plaine de la DOBROUDJA ou va se dérouler le combat décisif.
Or il n'a pas lieu en milieu découvert, terrain les légions peuvent se déployer et user de toute leur puissance, mais dans des sols marécageux favorables au combat individuel où excellent les Goths.
Le fils de DECE périt d'abord sous une flèche ennemie, mais son père continue à exalter ses troupes au combat en criant que "la mort d'un soldat n'est pas une grande perte pour la république" ; puis c'est lui-même qui succombe, entraînant dans la mort une grande partie de son armée. Destin terrible pour celui qui avait voulu restaurer la grandeur de ROME en persécutant les chrétiens, et dont le fils cadet laissé à ROME pour perpétuer la dynastie, mourut au même moment de la poste
Dépouillé de son armure et de ses vêtements, le corps de DECE sera ainsi abandonné sur le champ de bataille et ne sera jamais retrouvé.
Quelques années plus tard, le grand historien chrétien LACTANCE écrira de DECE dans son ouvrage LA MORT DES PERSECUTEURS ces paroles terribles : "Car étant allé contre les Carpes, qui s'étaient emparés de la Dacie et de la Mœsie, il fut enveloppé par ces barbares, qui le tuèrent avec une partie de ses troupes. Il ne jouit pas même des honneurs du tombeau, et son corps n'eut pour sépulture que le ventre des bêtes sauvages et des vautours, comme le méritait un ennemi de Dieu."
Bien que très bref, son règne laisse des traces terribles dont des monuments comme la Basilique SAINT SERNIN nous restituent le souvenir.
LE MARTYRE DE SAINT SATURNIN (ST SERNIN)
Même à TOULOUSE, l'antique TOLOSA, ville impériale éloignée des marches de l'Empire et des incursions barbares, l'Edit de DECE eut des effets désastreux.
La petite communauté chrétienne dont SATURNIN est le premier Evêque est soumise à l'obligation de sacrifice au culte impérial. Pour célébrer la messe, SATURNIN place plusieurs fois par jour devant le TEMPLE, installé sur l'actuelle Place Esquirol ; les Prêtres et les fidèles de l'ancienne religion lui enjoignent de venir sacrifier avec eux un taureau qu'ls s'apprêtent à égorger pour l'honneur et l'apaisement de leurs dieux. Le refus de SATURNIN leur est insupportable, d'autant plus qu'il outrage une volonté impériale qui l'expose au châtiment de mort. Ils l'attachent donc au taureau, rendu furieux par leurs soins, qui descend les marches du TEMPLE entraînant avec lui SATURNON dont la tête explose sur les premières marches. Il traînera ainsi le corps de SATURNIN en empruntant l'actuelle rue St Rome, la Place du Capitole puis la rue du Taur où le corps se détachera devant l'actuelle église du Taur. La rue du Taur et l'église Notre-Dame du Taur commémorent le parcours sanglant et la mort de saint Saturnin.
Une modeste basilique fut érigée au Ve siècle, au dessus de sa sépulture (le nom de saint Sernin est une transposition occitane de Saturnin). L'exceptionnelle popularité du martyr toulousain contribua vite à l'afflux des pélerins.
La communauté de chanoines qui assurait la garde des reliques se vit contrainte de voir très grand pour mieux accueillir les pèlerins. Ainsi fut élevée au XIe siècle la basilique actuelle. L'essor du pélerinage de Compostelle ne tarda pas à faire de Toulouse une étape incontournable. L'autel, le chevet et le transept furent consacrés en 1096 par le pape Urbain II. Mais la construction se poursuivit tout au long du XIIe siècle. Les constructeurs utilisèrent d'abord la pierre et la brique, jusqu'à la hauteur des tribunes. Mais la cherté de la pierre les contraignit à n'utiliser que la brique dans les parties hautes de l'édifice. Un magnifique cloître et une importante abbaye flanquaient le nord de la basilique. Tou fut rasé au-cours des premières années du XIXe siècle. Le musée des augustins recueillit alors une partie des sculptures.
Vers le milieu du XIXe siècle, l'architecte Viollet-le-Duc réalisa une longue série de restaurations. Elles furent reprises par le service des monuments historiques entre 1968 et 1998.
PROMENADE AUTOUR DE LA BASILIQUE
TOUJOURS SE MUNIR D'UN PLAN
:
POINTS DE VUE SUR LA BASILIQUE !
Les travaux s'étalèrent de 1070 au XVIe siècle, et pourtant jamais on n'acheva les tours occidentales. L'édifice est d'une parfaite cohérence, puisque les constructeurs respectèrent le projet initial bien au-delà de la période romane. Par sa structure, Saint Sernin appartient à la famille des églises dites "à reliques et à pélerinages" : vaste nef flanquée de collatéraux, large transept saillant, choeur profond entouré d'un déambulatoire avec chapelles rayonnantes.
Longue de 115 mètres et large de 64 mètres (à la hauteur du transept), Saint Sernin reste la plus grande basilique romane du monde encore debout ... et sans doute la plus belle.
Son clocher, de plan octogonal, révèle deux étapes de construction : une étape romane, reconnaissable à ses trois niveaux d'ouverture en plein cintre ; une étape gothique, avec ses deux niveaux d'ouvertures en arc en mitre, surmontés d'une flèche sommée d'une croix dominant l'édifice à 65 mètres.
Le transept était accessible par chacun des croisillons. Seul a été conservé le double portail du croisillon sud appelé "porte des comtes", à cause de l' enfeu des comtes de Toulouse qui le flanque..
La porte Miègeville ouvre sur le flanc sud de la basilique. La porte restaurée, sur le flanc nord, donnait accès autrefois au cloître de l'abbaye. Sur la façade ouest, le corps central comprend un double portail surmonté de cinq arcs et d'une grande rose, qui aurait dû recevoir un remplage gothique si le massif occidental avait été achevé.
Il est préférable de commencer la visite à l'extérieur et par le chevet. Il est dominé par un imposant clocher octogonal à cinq niveaux d'arcs. Une admirable harmonie se dégage de l'étagement des masses : les cinq chapelles ouvrant sur les bras du transept ... et la ligne continue des fenêtres des tribunes
LE CHEVET
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LA PORTE OCCIDENTALE
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LA FACE SUD
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LA FACE NORD
Au-cours des siècles, le côté nord de la Basilique avait reçu des rajouts, pour permettre aux moines séculiers qui assuraient le service de s'y établir ; c'est ainsi qu'une abbaye avait êté rajoutée à la face nord, comprenant en outre la maison de l'Abbé, les pièces communes et un cloître. Elle était cloturée d'un haut mur, comme en atteste le magnifique portail en pierre qui a été conservé devant la Porte Miègeville.
Ces bâtiments ont été éliminés lors des travaux de VIOLET-le-DUC au XIXe siècle qui ont permis à la Basilique de recouvrer sa pureté orginelle.
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LA PORTE DES COMTES ET L'ENFEU DES COMTES DE TOULOUSE
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Dirigeons-nous vers le croisillon sud du transept. Le double portail formant la "porte des comtes" présente un ensemble de chapiteaux caractéristiques des premiers balbutiements de la sculpture romane, puisque antérieurs aux années 1082-1083. Nous sommes là face au plus ancien portail de la Basilique ; il comporte deux baies jumelles, avec des portails inspirés de ceux des villes romaines, qui donnent accès au transept.
Trois reliefs en ornent la façade au-dessus des portes : au centre, le plus important, encadré par deux lions, la été burinée pendant la révolution ; il a conservé sur son arcade la gravure : "Sanctus Saturninus", indiquant qu'elle comportait une représentation du saint Patron de la Basilique, Saint Saturnin ; ceux des extrêmités ont également été détruits.
Les colonnes qui encadrent le portails se terminent par des chapiteaux historiés mettant en scène damnation et salut de l'âme, version médiévale du vice et de la vertu.
Ces chapitaux historiés sont très anciens, car antérieurs aux années 1082-1083 :
La plus célèbre est celui de "Lazare et du mauvais riche" ; le riche est assis à sa table et mange sans la moindre attention pour son entourage ; Lazare se trouve à sa gauche, affamé, appuyé sur un bâton. Seuls des chiens qui lui lèchent les pieds lui montrent de l'intérêt. Sur la suivante, l'âme de Lazare, sauvée, figure dans une mandorle que deux anges élèvent : il a gagné la vie éternelle.
Les suivants concernent les péchés et les vices, les tourments éternels que subiront ceux qui se rendent coupables des péchès capitaux :
- l'avare est pendu avec une énorme bourse lestant son cou ;
- deux serpents mangent les seins nus de la femme luxurieuse ;
- un monstre à une tête et deux corps mange la tête d'un damné coupable d'abus de nourriture et de boisson ;
- deux démons triturent avec une sorte de fourche la bas-ventre de l'homme luxurieux.
Sur la colonne centrale, une scène énigmatique :
- un homme assis, tenant un bâton se termiant en volute, essaie de se lever ; deux personnages semblent le soutenir en tenant ses avant-bras levés.
A gauche de la "Porte des Comtes", dans une niche du mur de la Basilique, l'ENFEU des Comtes de Toulouse ; l'Enfeu est un sarcophage, ou un ensemble de sarcophages, encastré dans le mur d'un édifice religieux, généralement réservé à la noblesse. Ceux de St Sernin, très dégradés, ont été remplacés par des moulages et sont maintenant présentés à l'intérieur de la Basilique ; ils contenaient la dépouille des Comtes de Toulouse Guillaume Taillefer (1030) et de son fils, Pons III.
LES RELIQUES
Toute l'architecture et l'histoire de la basilique Saint-Sernin ne peuvent être comprises hors de deux réalités religieuses :
- le pélerinage
- le culte des reliques
La Basilique Saint Sernin est l'église de France la plus richement dotée en reliques de saints.
Les reliques sont les restes d'un saint, soit corporels, soit objets matériels ou morceau de vêtements qui furent siens. Parce que sa vie fut exemplaire d'une foi remarquable, le Saint est proche de Dieu et peut intervenir en faveur du croyant qui l'invoque
Ils sont conservés dans des coffrets, souvent en métaux précieux et richement décorés ; à saint Sernin, ces reliques sont présentées dans le déambulatoire et la crypte.
Ceux-ci avaient pour but de célébrer et d'honorer les saints et, à travers eux, le Christ ressuscité.
La foi médiévale avait une forte percetpion de la réalité du péché. Une grande préoccupation de la mentalité religieuse était pour chacun de faire son salut, malgré ses péchés, et de passer, au moment de sa mort, de ce monde en paradis, évitant la damnation éternelle.
Les pélerinages et la vénération dont étaient entourées les reliques pouvaient être un moyen d'expier des fautes parfois lourdes. Ils avaient le plus souvent pour but de solliciter la protection et l'intercession puissante des saints les plus réputés et les plus populaires, à l'occasion de toutes les circonstances importantes de la vie, ainsi que de remercier pour un bienfait obtenu.
Le Déambulatoire :
La basilique Saint-Sernin fait donc partie de ce type d'églises que l'on appelle "église de pélerinage", par son plan caractéristique : deux doubles collatéraux de part et d'autre de la nef centrale, puis un déambulatoire, dispositif permettant la circulation des pélerins sans perturber les offices des chanoines. Le déambulatoire, au chevet de l'église, entoure le tombeau de saint Saturnin élevé sous le baldaquin baroque qui remplaça, au milieu du XVIIIe un premier baldaquin gothique élevé au XIIIe siècle.
Le "Tour des Corps Saints"
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Ce déambulatoire, dont les piliers et les colonnes s'ornent de chapiteaux les plus anciens de la basilique, est appelé "tour des corps saints" car il présente à la vénération des fidèles une part des nombreuses et précieuses reliques que possède la basilique. Dans le mur extérieur des six travées du déambulatoire, entre les cinq chapelles rayonnantes, ont été creusées des niches destinées à accueillir les reliques des saints les plus populaires. Les armoires sculptées et dorées, installées au XVIIe siècle dans les chapelles voisines, renferment les reliquaires de ces mêmes saints. La chapelle d'axe, dédiée au Saint-Esprit conserve des statues du XVIIe siècle et un autel de Viollet-le-Duc.
En face, sur le mur extérieur de la crypte, ont été encastrés sept bas reliefs de marbre : un séraphin et un chérubin, ainsi que deux apôtres et deux anges encadrent un exceptionnel Christ en majesté entouré des symbôles des quatre évangélistes. Ce bas-relief, dont le style s'inspire des ivoires carolingiens, est contemporain du maître-autel roman consacré en 1096.
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La plupart des reliquaires et des oeuvres d'orfèvrerie constituant le trésor de Saint Sernin ont disparu pendant la révolution. On trouvera cependant dans la crypte supérieure la châsse de saint Honoré en cuivre argenté, vers 1517.
En face sont rassemblés les objets les plus anciens du trésor : notamment le reliquaire de saint Saturnin (début du XIIIe siècle) et le reliquaire de la Vraie Croix, en émail de Limoges (fin XIIe siècle).
Dans les quatre vitrines murales on pourra voir les diverses pièces d'orfèvrerie religieuse du XIXe siècle.
La crypte inférieure présente dans les six chapelles les châsses de plusieurs apôtres, des saints Philippe et Jacques le Mineur, Simon et Jude, Symphorien et Castor, Jacques le Majeur, Edmond, Gilles, et le reliquaire de la Sainte Epine.
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Fernand BRAUDEL (1902-1985), illustre Académicien français, Professeur au Collège de France, est l'un des plus grands historiens du XXème siècle ; éminent représentant de l'Ecole des Annales qui a révolutionné l'étude de l'histoire appréhendée non plus sur le mode évènementiel mais dans la profondeur des mouvements de longue durée qui parcourent les civilisations et l'économie, ce robuste lorrain a consacré son livre testament, l'ouvrage qu'il a médité toute sa vie pour le rédiger peu avant sa disparition, "Identités de la France", à son pays. Il écrit à propos de la civilisation occitane :
Quel plaisir que de baguenauder dans les vieux quartiers de Toulouse, découvrir à chaque occasion sous un jour nouveau les merveilles architecturales léguées par l'histoire ; les observer, les photographier, en étuder sans prétention académique ni pédantisme mondain l'histoire toujours passionnante qui nous raconte la vie des gens, partager avec les autres ses découvertes et ainsi les enrichir de leurs propres lumières.
L'un des plus grands historiens du XXe siècle, le mosellan Fernand Braudel (1902-1985) a écrit de Toulouse, dans son ouvrage-testament, "Identités de la France" :