Quel plaisir que de baguenauder dans les vieux quartiers de Toulouse, découvrir à chaque occasion sous un jour nouveau les merveilles architecturales léguées par l'histoire ; les observer, les photographier, en étuder sans prétention académique ni pédantisme mondain l'histoire toujours passionnante qui nous raconte la vie des gens, partager avec les autres ses découvertes et ainsi les enrichir de leurs propres lumières.
L'un des plus grands historiens du XXe siècle, le mosellan Fernand Braudel (1902-1985) a écrit de Toulouse, dans son ouvrage-testament, "Identités de la France" :
La seule grande ville de l’intérieur, en-dehors de Paris, est Toulouse. Malgré des poids terriblement inégaux des deux villes (hier et aujourd’hui), ce rapprochement semble à la réflexion, avoir sa logique. Ne s’agit-il pas des centres de gravité des deux plus vastes bassins sédimentaires de France, le bassin Parisien et le bassin d’Aquitaine ? Toulouse est favorisée par sa position géographique, face au Massif Central, à la Méditerranée, aux Pyrénées, à l’Espagne et à l’Atlantique. Une région céréalière proche et riche équilibre sa vie. La Garonne peut se comparer à la Seine, même si la comparaison ne tourne pas à son avantage. La ville a aussi, des siècles durant, dominé le monde composite et culturellement doué du Languedoc. L’histoire la favorisant, sa langue, comme la langue de l’Ile-de-France, aurait pu conquérir de vastes espaces, au-delà du Rhône comme vers l’océan. Toulouse, un Paris qui n’aura pas réussi ? Aujourd’hui, prendrait-elle sa revanche … ?
Ces idées paraîtront, sans doute, insolites. Et pourtant ne rejoignent-elles pas l’essentiel, je veux dire, une fois de plus, la coexistence de deux Frances, celle d’oil et celle d’oc ? Est-ce Paris qui a infériorisé, tué à distance la ville de la violette, comme elle a maintenu sous le boisseau Orléans ou Reims, ces rivales du Nord où l’histoire de France aurait pu trouver son centre de gravité … »
Edifiée sur la rive droite de la Garonne, Toulouse est riche d'une histoire bi-millénaire, dont les Romains furent l'un des premiers acteurs, constituant la ville un verrou stratégique entre "Narbonnaise" et les Barbares qui vivaient au Nord, sur l'axe vital entre Méditerranée et Atlantique dont elle était la clé. Ils honorèrent cette "civitas" de la citoyenneté romaine ; ils la dotèrent d'impressionnants remparts qui marquaient l'importance attachée à l'une des principales Cités d'Occident.
Puis ensuite capitale de l'immense Empire Wisigoth, qui s'étendait jusqu'au sud de la péninsule ibérique, elle a donné naissance sur les ruines des temples romains aux premiers édifices chrétiens, comme la Basilique "La Daurada", la première consacrée à la Vierge Marie après que le Concile d'Ephèse l'eut proclamée "Mère de Dieu" en 431, où venait prier Alaric selon le culte "aryen" déclaré hérétique par Rome, qui lui couta d'être vaincu par Clovis, fraîchement converti au catholicisme par St Remy, à Vouillé en 507