La Basilique est si riche que sa visite peut-être abordée selon diverses thématiques :
- pour l'architecte, par l'équilibre parfait, l'harmonie, la simplicité et le raffinement de ses formes et dimensions, le refus de tout excès, produisant cette impression de sérénité, d'apaisement , de calme infini commun aux édifices romans ;
- pour le croyant et le pèlerin de saint Jacques, c'est l'édifice sacré renfermant le plus de reliques sacrées et de saints de tout l'occident chrétien ;
- pour l'historien d'art, c'est un musée unique de la sculpture romane, alliant les représentations héritées des camées carolingiens du déambulatoire, aux premières et maladroites sculptures romanes de la porte des Comtes, jusqu'au roman accompli et maîtrisé de la porte Miègeville dont les chapiteaux et le tympan, véritables bandes dessinées pour l'édification des pèlerins de saint Jacques parlaient si bien à nos lointains ancêtres et dont nous avons perdu le sens aujourd'hui
- pour le peintre, c'est l'écrin de peintures romanes visibles encore aujourd'hui et que le temps efface aussi sûrement qu'inéluctablement.
Elles ont la spécifité de se trouver sur le côté septentrional de l'édifice, plus particulièrement dans la nef ou à proximité de la nef.
C'est le cas pour les deux premières que nous allons découvrir, qui se trouvent sur les deux dernières piles qui séparent les collatéraux ; ces deux peintures, d'égale dimension, se font face à une hauteur importante. Elles sont datées approximativement de l'année 1140 ; côté occidental, nous trouvons le fameux "Noli me tangere"
"Noli me tangere", "Ne me touche pas", sont les paroles du Christ ressuscité lorsqu'il aparaît à Marie-Madeleine. Dans la peinture religieuse, les "Noli me tangere" sont un classique, une figure de style académique auquel les plus grands peintres, du Giotto à Titien, se sont essayés au-cours des siècles.
Celui de Saint-Sernin est infiniment modeste ; en sus, les couleurs disparaissent et le dessin s'efface. Malgré les très nombreuses photos prises, avec ou sans aide de lumière artificielle, l'outrage de dix siècles semble irrémédiable. On distingue bien cependant les pieds rentrants et dansants du Christ ; les spécialistes rapprochent ce style à l'art du sculpteur Gilabertus qui fut actif au XIIe siècle dans le cloître de la Cathédrale Saint-Etienne.
La seconde oeuvre, côté oriental, représente un ange assis sur un nuage.
La plus vaste des peintures murales romanes de Saint-Sernin se trouve sur le croisillon nord du transept. Elle aurait été peinte vers 1180 ; c'est une très vaste composition haute de 7 m 75 sur 3 m 30 de large ; en cinq tableaux superposés, elle traite du thème de la résurrection :
- le premier tableau, en bas, à droite de la porte d'un escalier d'accès aux tribunes,traite de la mort de Jésus, figuré par deux soldats gardant le tombeau dans lequel le corps a été placé après sa mort sur la croix. On ne distingue plus désormais que les boucliers des soldats.
- le second traite de la résurrection : le matin de Pâques, les Saintes Femmes (Marie, mère de Jacques ; Salomé et Marie-Madeleine) viennent oindre d'huile le corps du Christ. L'Ange de la résurrection leur montre le tombeau vide
- la troisième composition est relative à l'annonce de la venue d'un Messie : Jérémie à droite, Isaïe (?) à gauche, deux prophètes de l'ancien testament qui ont annoncé la venue d'un Messie pour sauver le peuple hébreu, adorent l'image du Christ ressuscité au-dessus d'eux
- le quatrième tableau représente au centre le Christ ressuscité, en majesté dans une mandorle, tel qu'on le retrouve sur le bas relief du déambulatoire, présentant le Livre ; de part et d'autre, alpha et oméga rappellent qu'il est principe et fin de toute chose. Il est entouré de deux personnages sacrés, auréolés de lumière : Marie, sa mère, symbôle de l'incarnation et Jean-Baptiste, son cousin, prophète qui a annoncé la venue du Messie et a l'a baptisé dans le Jourdain, symbôle de rédemption.
- le cinquième thème n'est plus visible ; il représentait deux anges agenouillés, témoins de la Résurrection, qui entouraient une image du Christ ressuscité, effacée également.
Toujours dans le collatéral ouest, dans l'angle où est exposé l'original du sarcophage paléochrétien dit "du Comte de Toulouse Guillaume Taillefer" (fin du IVe - début Ve), dans une niche, protégé par une vitrine, est présenté un portrait de saint Augustin donnant sa règle monastique. Il ornait, nous dit-on, initialement une niche du cloître ; bien que le temps le dissolve peu à peu, une représentation ancienne nous indique que saint Augustin est accompagné par deux clercs tonsurés : l'un porte la crosse épiscopale, l'autre, dont on ne devine plus qu'un pupitre, écrivait sous la dictée du saint.
Derrière le sarcophage, très peu visible, les restes d'une importante crucifxion.