Sublime chef d'oeuvre de l'art roman, STENDHAL écrit dans son "Journal de Voyages" au retour de sa visite en 1838 : " Magnifique église à arcades rondes,(…)magnifique église romane. C’est le premier édifice roman qui m’ait donné une profonde sensation de beauté. ".
Elle fut inscrite sur la première liste des "monuments historiques" publiée dès la création du service en 1840, restaurée par VIOLLET-le-DUC (1814-1879), dont on connaît l'importance majeure qu'il occupe dans la préservation de notre patrimoine. Elle est inscrite depuis 1998 au "Patrimoine mondial de l'UNESCO" au titre des "Chemins de Saint-Jacques de Compostelle".
Elle constitue le plus vaste édifice roman subsistant (115x60m) ; pensée et édifiée pour l'accueil des "Pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle", elle présente un plan architectural qui a la spécificité d'avoir conservé sa pureté originelle sans dénaturation ; elle était dédiée à l'enseignement christique des Pèlerins et à leurs dévotions religieuses. Elle offre dans son déambulatoire et sa crypte à deux niveaux la plus importante collection de reliques de l'Occident chrétien après le VATICAN.
La magie de la brique rose dont elle est bâtie à partir du premier étage dote le sanctuaire d'une aura rosatre, infiniment propice à la paix intérieure et au recueillement, que Claude Nougaro avec son génie de poète a si bien traduite dans les vers de "O Toulouse" :
UNE IMPRESSIONNANTE UNITE D'OEUVRE
Les travaux s'étalèrent de 1070 au XVIe siècle, et pourtant jamais on acheva les tours occidentales. L'édifice est d'une parfaite cohérence, puisque les constructeurs respectèrent le projet initial bien au-delà de la période romane. Par sa structure, Saint Sernin appartient à la famille des églises dites "à reliques et à pélerinages" : vaste nef flanquée de collatéraux, large transept saillant, choeur profond entouré d'un déambulatoire avec chapelles rayonnantes.
Longue de 115 mètres et large de 64 mètres (à la hauteur du transept), Saint Sernin reste la plus grande basilique romane du monde encore debout ... et sans doute la plus belle.
>
Son clocher, de plan octogonal, révèle deux étapes de construction : une étape romane, reconnaissable à ses trois niveaux d'ouverture en plein cintre ; une étape gothique, avec ses deux niveaux d'ouvertures en arc en mitre, surmontés d'une flèche sommée d'une croix dominant l'édifice à 65 mètres.
Le transept était accessible par chacun des croisillons. Seul a été conservé le double portail du croisillon sud appelé "porte des comtes", à cause de l' enfeu des comtes de Toulouse qui le flanque..
La porte Miègeville ouvre sur le flanc sud de la basilique. La porte restaurée, sur le flanc nord, donnait accès autrefois au cloître de l'abbaye. Sur la façade ouest, le corps central comprend un double portail surmonté de cinq arcs et d'une grande rose, qui aurait dû recevoir un remplage gothique si le massif occidental avait été achevé.
LA ROUTE DU SUD
Après la résurrection du Christ, les apôtres, ses disciples, partirent évangéliser le monde. L'évangélisation de la péninsule ibérique fut attribuée par la légende à saint Jacques.
Sa sépulture fut miraculeusement découverte, vers 820-830 en Galice, et les chrétiens d'Espagne firent de saint Jacques le porte drapeau de la reconquête des territoires occupés par les Maures musulmans.
Faire voeu de pélerinage, c'était se lancer dans une dangereuse aventure avec foi et courage. Les routes suivies étaient jalonnées de lieux sanctifiés par des reliques précieuses ou par des manifestations surnaturelles. Les pélerins de Compostelle étaient reconnaissables à leur bâton de marche (bourdon), et à la coquille qu'ils accrochaient à leur chapeau.
Venus de toute l'Europe, les chrétiens empruntaient l'un des quatre itinéraires principaux permettant de franchir les Pyrénées pour atteindre Compostelle.
Le plus méridional, partant de la vallée du Rhône, était appelé "Via Tolosana" à cause du passage obligatoire par Toulouse. Les chemins de pèlerinage ont été déclarés par le Conseil de l'Europe, en 1987, "premier itinéraire culturel européen". En 1998, ils ont été inscrits au patrimoine mondail de l'UNESCO sous la forme d'une série de monuments individuels d'une importante signification historique définissant le tracé des routes de pèlerinage en France (déjà l'Espagne avait obtenu en 1993 l'inscription du chemin de Saint-Jacques à partir des cols pyrénéens)..
De ce fait, la basilique Saint-Sernin est entrée dans le cercle prestigieux des monuments classés par l'UNESCO sur la route la plus méridionale vers C