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17- Les fontaines Wallace

Fontaine parisienne
Fontaine parisienne, début XXe siècle

fountain

Les "fontaines" figurent au nombre des monuments urbains qui signent l'identité d'une ville, à l'exemple de la "Fontaine de Trevi" à ROME, où bien les "Fontaine des Mers" et "Fontaine des Fleuves" qui encadrent somptueusement l'Obelisque dressé sur la Place de la Concorde à  PARIS. Elles figurent dans l'imaginaire populaire au rang des symboles indissociables du charme et de la grandeur d'une ville : PARIS par exemple,  avec la TOUR EIFFEL, la CATHEDRALE NOTRE-DAME, l'ARC de TRIOMPHE, le MUSEE du LOUVRE où les CHAMPS ELYSEES qui assurent ce rôle prestigieux. Mais ces œuvres monumentales conçues dans le but d'associer l'idée de grâce, de beauté, voire de puissance ou de grandeur au nom d'une ville, n'en constituent plus l'unique atout ; bien qu'inauguré en 1984, la passerelle du "Pont des Arts" a vu spontanément naître la tradition des "cadenas d'amour" lorsque des couples nouvellement unis venaient accrocher aux parapets grillagés de l'ouvrage des cadenas en signe d'union éternelle. Le charme prestigieux du lieu certainement, et la vue sur l'Ile Saint-Louis ont précipité cette tradition qui n'est pas pour rien dans la réputation de romantisme de la ville, et concourt à son succès touristique.

Wallace 2Mais une grande ville rayonne aussi internationalement au-travers le symbolisme d’un mobilier urbain immédiatement identifiable dans sa simplicité et son unicité : et le dernier quart du XIXeme siècle a rendu PARIS sans égal avec les COLONNES MORRIS, les FONTAINES WALLACE  et les ENTREES DE METRO conçues par l’architecte Paul GUIMARD ; par leur unité de couleur verte, elles associent  à la ville les notions de nature, d'apaisement, de sérénité !
Donc, point besoin qu'une fontaine soit monumentale pour pénétrer l'inconscient collectif et devenir inséparable du décor d'une ville, comme le démontre si bien le film " Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" de Jean-Pierre JEUNET pour le charme onirique de PARIS.
Les "fontaines Wallace" en constituent l'illustration parfaite,  puisqu'elles ne revêtent d'autre finalité lors de leur conception que de venir en aide à la population de la ville sevrée de l'eau indispensable à sa survie.
Elles portent le nom d’un milliardaire anglais, sir William WALLACE, très francophile et vivant de ses rentes constituées par l’énorme fortune léguée par sa famille, qui avait refusé de quitter PARIS lors du siège de la capitale pendant la guerre 1870-1871 par les Prussiens de BISMARK. Cette terrible défaite qui avait entraîné la création de l’Empire allemand au Traité de Versailles en 1871 (l’Allemagne n’existait pas jusqu’alors, puisqu’il s’agissait d’état souverains dont le plus riche était la Bavière et le plus militarisé la Prusse), fut suivi en France par une énième révolution dirigée par la gauche révolutionnaire, qui donna certes de très belles chansons telles « Le temps des cerises » ou « l’Internationale » (que reprit plus tard l’URSS comme hymne national) mais se transforma sous le nom de « La Commune » en une terrible guerre civile remportée, à l’inverse de 1789, par les « Girondins » regroupés sous le nom de « Versaillais » qui vinrent à bout des révolutionnaires parisiens au prix d'un bilan en pertes de vies humaines, d'exécutions puis de déportation en Algérie aussi lourd et douloureux que celui de la « Terreur » révolutionnaire.
Dans la spirale du malheur, cette défaite infamante fut suivie d’une guerre civile, à l'issue de laquelle PARIS était en lambeaux : les aqueducs qui l’alimentaient en eau étaient détruits, et la Mairie avait brûlé , avec la perte irréparable de tout l’état-civil de la ville ! La Mairie fut rebâtie à l’identique, mais l’état-civil était définitivement perdu !

Donc, faute d’eau potable dans la ville, les prix explosèrent, atteignant comme lors de toute inflation galopante des prix déraisonnables qui la mettaient hors de portée du commun des mortels ; les parisiens avaient mangé les rats, les chats, les chiens et même tous les animaux du zoo de Vincennes lors du siège de la ville par les prussiens, maintenant ils n’avaient plus d’eau à boire ; ils se tournèrent donc vers les marchands de vin, bien alimentés par les provinces (la fameuse « bibine » « piquette » languedocienne !), dont les prix étaient beaucoup plus décents. A l’exemple du nombre de morphinomanes qui avait explosé (300.000 morphinomanes à l’issue de la guerre), puisque tous les blessés étaient traités avec ce médicament miracle, dérivé de l’opium,  qui venait d’être découvert et calmait instantanément la douleur en rendant la personne traitée dépendante à vie à l’opiacée (c’est la règle pour l’opium et ses dérivés morphine et héroïne), mais les médecins l’ignoraient et les produits anesthésiants n’existaient pas encore pour soulager les douleurs des blessés, le nombre d’alcooliques explosa à PARIS dans des proportions vertigineuses !

Et c’est là qu'intervint sir William WALLACE ; par compassion humaine et à titre purement philanthropique, il décide donc d’implanter à ses frais – avec l'accord de la Mairie de Paris qui définit les emplacements – des fontaines publiques dans tous les quartiers de la ville pour les mettre à disposition des habitants ; il concevra lui-même cette fontaine dont il dessine le croquis ;  ce travail est finalisé avec l'aide d'un sculpteur nantais, Charles Lebourg,  qui eut l’idée des cariatides,

Il se serait inspiré du groupe "Les Trois Grâces" sculpté par Germain PILON (1528-1590), l'un des plus importants sculpteurs de la Renaissance française qui avait reçu commande en 1561 de Marie de Médicis, veuve du défunt roi, de concevoir le "Monument du coeur de Henri II" (Musée du Louvre), mort accidentellement des suites d'un tournoi. Ce groupe, visible au Musée du Louvre, supporte sur un piédestal trois personnages féminins soutenant sur leur tête l'urne funéraire.Trois jeunes femmes adossées dont les mains se joignent semblent esquisser une ronde très lente. Elles soutiennent une urne qui contenait le coeur du roi de France Henri II.
 

Bien que destinées à l'usage de la "populace", car sans autre finalité que de désaltérer les passants, elles sont traitées avec respect par le grand esthète et collectionneur qu'est WALLACE, pour qui elles doivent également constituer un outil de diffusion de l'art, du beau et de la culture dans tous les milieux sociaux. Par leurs dimensions de 2.95 de haut pour un poids de 600 kilos, ces fontaines se situent entre la fontaine monumentale par leur décoration et la borne fontaine plus petite mais d'un usage plus large. 

 
 

Elles sont fondues en fer bronzé par la société des Hauts-Fourneaux du Val d'Osne en Haute-Marne ; plus tard, et encore aujourd'hui, une entreprise, située à quelques kilomètres au Val d'Osne, la "GHM Sommevoire", poursuivra cette production permettant la réédition de ces fameuses fontaines. Elles figurent toujours au catalogue et il est possible d'en acquérir une, tant sur le marché du neuf que de l’occasion.(voir la notice de commercialisation de la Société GHM)

Les inventaires des Mairies qui ont opté pour elles, les décrivent ainsi : La fontaine se présente sous la forme d'un édicule de 2 m. 95 de hauteur. Sur un piédestal à huit pans orné de volutes et de dauphins, quatre cariatides se tournent le dos. Elles soutiennent par leurs bras et leur tête coiffée d'un chapiteau ionique un dôme terminé par une pointe. Chaque cariatide est différente, soit par le déhanchement, soit par le drapé. Le filet d'eau coule au centre. Un petit bassin l'évacue dans la plateforme du piedéstal.

A l’origine, comme on peut le voir sur de nombreuses photographies d'époque, elles étaient équipées de gobelets en étain reliés par une chaîne,  pour permettre aux habitants de consommer sur place la bonne eau pure.

Leur histoire est donc bien connue, renseignée, et des articles font régulièrement l'exégèse de la signification des "cariatides" ; parmi les détails qui les distinguent, elles sont généralement classifiées suivant l'ouverture ou la fermeture de leurs yeux, et les différences minimes dans leurs vêtements :

- deux ont les yeux fermées et sont donc assimilées aux "vertus"modestes !

  • Simplicité (fleur – jupe relevée, bouton à droite)
  • Sobriété ((fleur dans le cou, jupe longue, genou droit en avant)

- deux ont les yeux ouverts et sont donc assimilées aux vertus actives ! :

  • Bonté  (jupe longue baissée ; bouton  entre les seins)
  • Charité  (bouton entre les seins et jupe relevée par bouton à gauche).

Bien que conçues et fabriquées pour la ville de Paris, le succès international que connurent ces fontaines excède très largement les ambitions et les voeux de son concepteur ; il existe d'ailleurs toujours des sites spécialisées sur les "Wallace" parisiennes ; la ville de Toulouse, comme bien d'autres villes françaises, n'échappa pas à l'attrait de cette composition alliant l'esthétique de la statuaire grecque la plus gracieuse à la satisfaction d'un besoin naturel et vital pour le plus grand nombre.  ;

Encyclopédie WIKIPEDIA en recense huit encore fonctionnelles :

  • Place Saint-Georges
  • Grand Rond
  • Jardin des Plantes
  • rue Henri Russel :
  • Place du Professeur Pierre-François Combes :
  • Place du Ravelin :
  • Place Laganne, devant la Galerie du Château d'eau
  • Rond-point Alain Gazeaud (angle boulevard Deltour et avenue Balansa - quartier de la Côte Pavée :

Une neuvième apparaissait cette liste à la "Maison du Quartier" des Sept-Deniers ; il s'agit d'une ancienne demeure bourgeoise, dite "Maison Job", où la Mairie a installé divers services sociaux consacrés à la petite enfance ; après un transport sur place, il apparaît que cette fontaine qui trônait sur l'esplanade, dans l'espace privatif devant l'entrée, n'est plus présente. Certainement a-t-elle été déplacée sur une place publique plus centrale ?

Parmi les quatre installées originellement, en 1883, deux subsistent encore :

Il s'agit de :

    • La fontaine Wallace du "Jardin des Plantes" - 1883 -
      Production Fonderie du Val d'Osne 52
      Prise dans une abondante végétation, la fontaine, malgré son ancienneté n'est guère mise en valeur dans ce grand parc prestigieux, lieu de rassemblement traditionnel des petits toulousains pour lesquels de nombreuses activités ludiques sont proposées à la belle saison

  • La fontaine Wallace du "Grand Rond" - 1883 -
    face aux Monument aux Morts de la Guerre 1870-1871 :
    Production Fonderie du Val d'Osne 52
    Bien positionnée dans ce grand parc constituant un vaste espace rond au centre d'un important carrefour routier, à proximité du "Jardin des Plantes", auquel le relient des passerelles enjambant les voies routières, et du "Jardin Royal", cette fontaine de la fin du XIXe siècle ne repose pas sur le piédestal à huit pans habituel. Sa taille en est donc d'autant diminuée.

Les autres "Fontaines Wallace" de la ville sont des rééditions contemporaines, produites et commercialisées par la société GHM à Sommevoire.

    • La fontaine Wallace de la "Place Saint-Georges"
      Réédition par la Société GHM de SOMMEVOIRE
      Réaménagée dans les années 1980, la place Saint-Georges a été dotée d'une réplique de fontaine Wallace ; cette "Fontaine" est actuellement absente après des dégradations infligées lors de manifestations sociales par les habituels "progressistes" défenseurs de la "bienpensance", de la "pensée unique" et du "camp du bien".
Souvenons-nous cependant que les passions politiques et l'aveuglement de certains activistes professionnels produisent quasi-systématiquement ces dégradations gratuites irresponsables (parce qu'elles sont anonymes !) du bien commun, qu'il appartient à la collectivité de réparer financièrement, non parce qu'elles sont tolérées socialement, mais parce que des leaders d'opinion ou politiques  les utilisent dans un sens ou un autre pour manipuler l'opinion et servir leur unique intérêt électoral.
Sur cette même Place Saint-Georges, un bassin récréatif avait été crée en 1832 ; en 1867, la petite Germaine, bergère misérable de Pibrac, était canonisée et devenait la Sainte du midi de la France. Pour honorer la sainte, les croyants lançaient une souscription afin de financer un monument en l'honneur de Germaine, qui serait édifié Place Saint-Georges. Cette souscription ayant obtenu un franc-succès avec un financement de 80.000 Francs, le Président du Comité Sainte-Germaine avec l'appui des députés locaux sollicitait l'Etat pour la fourniture du marbre. Mais aucun ne convenant, c'est auprès de Nicoli que le Comité passait commande de marbre clair pour un montant estimé de 4000 à 5000 F ; la statue de la Sainte était réalisée un célèbre sculpteur toulousain,  Alexandre FALGUIERE, alors que la construction d'un édicule de 19 mètres de haut qui doit la soutenir était confiée à un jeune architecte du nom de PUJOL. L'inauguration a lieu en grande pompe  les 29-30 juillet 1877, et l'on trouve de nombreux articles de presse qui en rendent compte.
Mais immédiatement, les tenants du Grand-Orient de France organisent manifestations et désordres pour, au nom de la laïcité républicaine, obtenir la démolition de l'offensante statue. Au terme de cette guérilla qui oppose francs-maçons et fidèles catholiques, la mairie de Toulouse fait démonter le monument dans la nuit du 7 Juillet 1881, qui se retrouve relégué dans les caves du Capitole ; il faut dire que la réprésentation de la Bergère, debout, mains ouvertes , pieds sur un nuage, avec des fleurs s'échappant de son tablier revêtait effectivement un caractère intolérable et insupportable pour les libres-penseurs, successeurs de Robespierre et Saint-Just, tenants de la "Terreur Républicaine", incarnations du camp du bien et de la pensée unique. Les mêmes qui aujourd'hui détruisent la statue du Général-de-Gaulle devant la Mairie d'Evreux pour fêter la victoire de l'Algérie en coupe d'afrique des nations, viennent pour la même occasion brûler les drapeaux tricolores Place du Capitole pour manifester leur joie, ou encensent les censeurs moralistes qui ont obtenu l'émasculation des marmousets de la fontaine Griffoul de la Place St-Etienne dont les généreux attributs par où s'écoulait l'eau offensait leur pudibonderie. A quand l'obligation du port du "burqini" pour les statues de nos parcs et de nos fontaines ?

    • La fontaine Wallace de la "Place Laganne" - 1997 -
      Réédition par la Société GHM à SOMMEVOIRE - productin 1989

    • La fontaine Wallace de la "Place du Professeur Pierre François Combes" - 1997 -
      derrière l'Eglise Saint-Nicolas à St Cyprien
      Réédition par la Société GHM à SOMMEVOIRE

    • La fontaine Wallace de la "Place du Ravelin"
      Elle est également installée sur la rive-gauche de la Garonne, dans le quartier Saint-Cyprien ; il s'agit d'un quartier populaire, sympathique et familial ; la Place est le domaine des joueurs de pétanque qui pratiquent leur sport sur cette vaste place dominée par une fontaine Wallace contemporaine qui porte une plaque gravée mentionnant que la conception originale est du sculpteur Charles Lebourg en 1872 finalisée par la Fonderie du Val d'Osne ; et sur une autre plaque mention que la réédition est l'oeuvre de GHM à Sommevoire.


    • La fontaine Wallace de la "Place Henri Russel"
      Avec les deux dernières fontaines, de facture contemporaine, nous nous éloignons du Centre-Ville pour gagner les faubourgs périphériques ; celle-ci décore une belle Place, bordée pour son côté le plus passant par l'avenue Henri Crampel.
      Production GHM Sommevoire 1989

  • La fontaine Wallace du rond-point Alain Gazeaud.
    Nous sommes cette fois dans le quartier de la Côte Pavée, à proximité de l'avenue Jean Rieux ; il faut quitter cette avenue pour s'engager sur le boulevard Deltour ; la petite place est située immédiatement à droite, à l'endroit où le boulevard Deltour donne naissance à l'avenue Balansa et à la rue Armand Sylvestre. La fontaine est de facture contemporaine bien entendu, bien mise en évidence depuis le boulevard Deltour.
    Production GHM Sommevoire 1989