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Quelques faits historiques

 

Evoquer Saint-Sernin, c'est toucher les sources mêmes de la déliquescence de l'Empire Romain, ce terrible et malheureux IIIe siècle surnommé "Siècle de l'Anarchie militaire". Alors que ROME domine encore tout le monde méditerranéen, la Gaule et la Bretagne, elle porte déjà en elle les poisons qui après deux siècles de progressive dégénerescence signeront sa dissolution, la fin de l'antiquité et le début d'une nouvelle ère.

INSTABILITE POLITIQUE ET ANARCHIE MILITAIRE

D'abord, la totale et incroyable instabilité qui caractérise son gouvernement, un exécutif, placé entre les mains d'un homme seul, un Empereur issu des rangs militaires. 
Dans cet Empire gigantesque, le temps n'est plus à l'expansion infinie pour acquérir les richesses indispensables à une économie frustre qui repose sur le pillage des contrées conquises et la réduction en esclavage des peuples vaincus pour assurer le bon fonctionnement de l'Empire, tant dans la vie quotidienne et le confort des citoyens romains que pour la production agricole et la satisfaction des besoins ; les frontières s'étendent sur des milliers de kilomètres et font l'objet de raids incessants des "barbares" qui viennent à leur tour piller les villes romaines, considérées comme des coffres-forts où viennent se servir, et réduire en esclavage les populations avant de rentrer chez eux jouir de leurs butins. L'armée romaine est puissante, sans équivalent encore, mais elle doit intégrer dans ses rangs de plus en plus de barbares, dont certains font de brillants carrières, pour se déployer le long des frontières et faire face à toutes les invasions qui ne manquent de se produire ici et là. En sus, autant elle est puissante lorsqu'elle peut se déployer, autant elle est fragile dans les forêts si étendues où vivent les peuples barbares, qui l'ont bien compris et qui évitent de l'affronter en terrain découvert pour mieux lui tendre des embuscades lorsqu'elle se lance à leur poursuite dans des zones moins favorables à son déploiement.

Cette armée est devenue le fondement même de la puissance romaine, et c'est de ses rangs dont sont issus les Empereurs ; non dans le calme et l'ordre, mais dans l'inorganisation et le trouble permanent : être acclamé empereur est un honneur redoutable et équivaut à une rapide condamnation à mort. C'est la certitude d'être assassiné par ses troupes soit pour avoir imposé une discipline trop rigoureuse ou bien trop laxiste, ne pas avoir assez de bien à distribuer pour acheter la loyauté de ses troupes, qui ne peut de toute manière que retarder l'échéance inévitable. Même des militaires brillants, auréolés de victoires et de succès, excellents administrateurs qui ont su rétablir les sources d'approvisionnent de ROME, sont assassinés par leurs hommes au IIIe siècle, sans aucune justification.
Chaque Légion peut en effet refuser de reconnaître l'autorité de l'Empereur à Rome, proclamer un homme sorti de ses rangs à la tête de l'Empire et marcher sur ROME pour imposer son choix aux SENATEURS, devenus pantins tremblants de peur devant es militaires, qui n'ont d'autre choix que d'avaliser cette désignation pour échapper à l'ire soldatesque.
Ce sont donc des "PRONUNCIAMENTOS" incessants qui rythment la vie politique du grand Empire romain ; les critères de choix des soldats relèvent non pas de l'intérêt général de l'Empire, mais de leurs propres intérêts bien compris, d'autant plus que les LEGIONS ROMAINES comptent maintenant beaucoup plus de légionnaires et de soldats issus des multiples régions conquises et intégrées à l'Empire, et de barbares intégrés à titre de formations auxiliaires qui accèdent désormais aux grades les plus élevés et constituent les meilleures troupes.
 

LA FIN DE LA PAX ROMANA ET DE LA PROSPERITE

Mais ce chaos politique permanent n'est pas la seule faiblesse qui frappe ROME ; la prospérité économique et la "pax romana" qui caractérisait depuis deux siècles ROME et le monde sur lequel s'étend l'Empire disparaît elle aussi. La siuation économique est catastrophique à la moitié du IIIe siècle, et les populations éprouvent beaucoup de mal à s'alimenter correctement, ce qui ne manque pas de provoquer de graves émeutes, à ROME même. D'autant plus, un malheur n'arrivant jamais seul, que de terribles épidémies de peste frappent ROME et l'EMPIRE, contre lesquelles les médecins sont impuissants, et peuvent en quelques jours décimer la population.

RELIGIONS NOUVELLES, FACTEURS DE TROUBLES

La société est travaillée par l'apparition de nouvelles religions ; la religion païenne romaine traditionnelle, avec sa multitude de Dieux et Déesses, est toujours la religion d'Etat en laquelle s'incarne et se divinise la personne de l'Empereur, qui rassemble la grande majorité de la population ; à ses côtés, coexistent toutes les nouvelles religions orientales, qui s'agrègent à la religion d'état et ne s'opposent en rien à la primature du culte impérial. Il y a surtout cette nouvelle réligion venue de Judée, le Christianisme, qui est très minoritaire dans l'Empire où elle ne compte que quelques centaines de milliers de fidèles. Mais c'est la plus active, celle surtout qui se répand le plus vite dans la population. Mais elle est monotheiste et ne vénère qu'un Dieu unique, excluant totalement le culte impérial de son dogme, l'Empereur figurant au rang des simples mortels et ne pouvant en rien être reconnu à l'égal d'un dieu, ce qui serait pêché mortel pour un chrétien !

Depuis 236, la chrétienté s'est donné un nouveau Pape, qui présente la particularité d'être le premier laïc élu, FABIEN. Excellent administrateur, il a réorganisé l'église de Rome en la divisant en sept diaconats, dirigés chacun par un Diacre.

En cette période lointaine où les premiers chrétiens vivent surtour dans les provinces orientales de l'Empire, l'histoire a qualifié Fabien de d'Evangélisateur des Gaules, car il y délégua pour y prêcher l'Evangile et l'organiser solidement l'église sept missionnaires, tous entrés dans notre histoire pour l'action qu'ils menèrent et le martyre qu'ils reçurent :

  • Paul, saint, premier evêque de Narbonne ;
  • Trophime, saint, premier évêque d'Arles ;
  • Martial, saint, premier évêque de Limoges où il établit son siège épiscopal après avoir prêché à Bordeaux, Poitiers et Saintes ;
  • Autremoine (Stremonius), saint, premier évêque de Clermont ;
  • Gatien, saint, premier évêque de Tours ;
  • Denis, saint, premier évêque de Paris ;
  • Saturnin (ou Sernin), saint, premier évêque de Toulouse

PHILIPPE L'ARABE TRAHI PAR DECE, 

C'est une relative accalmie dans la "chasse" aux chrétiens qui permit à Fabien de prendre ces initiatives ; mais aussi parce que en février 244 a été acclamé Empereur par ses troupes le syrien Philippe l'Arabe, dans les troubles qui suivent la défaite et la mort au combat contre les Perses de Gordien III. Philippe réussit à faire la paix avec les Perses en leur versant une très forte rançon, et réorganise l'armée d'orient en mettant à sa tête ses proches. A ROME, il coupe avec la politique précédente en se montrant ouvert au dialogue et en recevant les forces nouvelles qui agitent la société, au premier rang desquels les chrétiens. Philippe se montre bien disposé à leur égard, les reçoit auprès de lui, se fait expliquer leur religion. A tel point que certains l'accuseront d'être, 70 ans avant Constantin, le premier Empereur chrétien !

Le 21 avril 247, sous son règne, sont célébrés fastueusement les "Jeux Séculaires" qui fêtent le millénaire de la fondation de Rome.

Mais cette ouverture d'esprit ne sied à tous ses proches, et notamment au Préfet de la Ville, DECE, qui est son dévoué collaborateur et conseiller, mais un pur conservateur en matière politique et une sorte d'illuminé de l'ancienne religion traditionnelle pour lequel le sacrifice aux dieux est le centre de la pratique religieuse, tant il permet de ne pas provoquer la colère des dieux et leur vengeance sur les humains par toutes sortes de malheurs qu'ils déversent sur les fidèles irrespectueux.

Et les Dieux sont très en colère contre ROME, tant les malheurs et les catastrophes s'abattent sur l'Empire en ce siècle maudit !

Des "usurpateurs" (militaires acclamés Empereur par leurs troupes) apparaissent, dont le plus dangereux pour lui est PACATANIUS, qui commande l'armée qui fait face aux Goths en "Moésie", les actuelles SERBIE et BULGARIE. Pacatanius pervient à les repousser et ses légionnaires, natifs de MOESIE, estiment que PHILIPPE l'ARABE ne fait rien pour ces populations, aussi acclament-ils PACATANIUS. PHILIPPE l'ARABE demande conseil à DECE, qui, avec beaucoup d'expérience, lui conseille de ne pas bouger, s'agissant d'une petite révolte qui va s'effondrer d'elle-même

PHILIPPE l'ARABE, peu rassuré, envoie cependant DECE auquel il a toute confiance, en MOESIE dont il fut gouverneur, pour mater la révolte et rétablir le calme ; comme il l'avait prévu, la révolte s'est calmé d'elle-même et PACATANIUS a été assassiné par les mêmes troupes qui l'avaient acclamé EMPEREUR ! Mais le prestige et la réputation de DECE, considéré comme un vrai dur, impressionne les troupes désemparées et sans chef. Natif de Pannonie mais ancien gouverneur de MOESIE, DECE comprend bien les légionnaires et les problèmes qu'ils exposent et sait leur montrer montrer tout son intérêt ! A son corps défendant, ces troupes l'acclament comme EMPEREUR et font part de leur intention de marcher avec DECE à leur tête sur ROME pour le faire reconnaître Empereur par le SENAT. Il s'agit des troupes les plus aguerries et résistantes de l'EMPIRE, et DECE sent bien leur détermination ; il répond donc positivement à leur détermination et marche sur ROME

PHILIPPE l'ARABE n'a plus avec lui que les quelques légions de réserve de l'armée impériale à lui opposer, formées de légionnaires peu expérimentés ; malgré sa très nette infériorité numérique, il affronte DECE en ITALIE du NORD, près de Vérone à l'automne 249 ; mais la bataille est trop disproportionnée et il perd la vie, avec nombre de ses légionnaires, dans ce combat.

DECE TRAJAN, EMPEREUR DES ROMAINS

DECE a dès lors la voie libre vers ROME, où le SENAT le légitime

Conservateur, DECE met en oeuvre la politique en laquelle il croit pour sauver l'EMPIRE : celle héritée du principat d'AUGUSTE : l'obeïssance, la Piété, la Pudeur pour la femme romaine, la fertilité ; c'est dans la mise en oeuvre de la  Piété que DECE va acquérir devant l'histoire, malgré la brièveté de son règle, le statut de grand persécuteur des chrétiens.

Car DECE croit sincèrement en la religion traditionnelle de ROME, et dans les sacrifices dont les fidèles doivent abreuver les Dieux afin que ceux-ci ne manifestent par leur courroux ; or, en ce milieu de IIIe sièce, ils sont, vu les malheurs qui s'abattent sur ROME, très courroucés !
Ses premieres décisions d'Empereur consistent à rétablir de manière obligatoire le culte traditionnel autour de l'Empereur, pour bien manifester l'unité de l'Empire autour de son maître.

Il exige donc que ce culte devienne obligatoire, mais en sus que chaque citoyen sacrifie publiquement à ce culte et qu'aucun ne puisse y déroger sous peine de mort.
Pour cela, il s'appuie sur les registres nominatifs des impôts, et décide que chaque citoyen recevra après accomplissement du sacrifice, une attestation officielle, un "libellus", témoignant qu'il a bien accompli la volonté impériale. Faute d'obéïssance, la sanction est terrible puisqu'elle va jusqu'à la mort ! Cette édit est clairement dirigé contre les chrétiens, qui ne peuvent, sous peine de pêché mortel, avoir un autre Dieu que le leur.

Quelles ressources ont donc les chrétiens pour faire face :

  • soit résister et refuser le sacrifice ; c'est celle de la hiérarchie catholique. Pour faire un exemple, DECE fait arrêter le Pape FABIEN, le fait torturer, puis décapiter sur la VIA APPIA le 20 janvier 250. 
  • soit s'enfuir : ceux qui le peuvent, quittent la ville et se retirent dans leurs propriétés lointaines ; les fidèles eux peuvent fuir les villes et se réfugier dans les forêts aux marges de l'Empire où elles deviennent la proie des barbares qui leur font subir les pires outrages avant de les exterminer. Plusieurs milliers de chrétiens seront martyrisées dans ces conditions.
  • soit acheter un certificat de complaisance, les autorités acceptant alors un sacrifice de complaisance
  • soit procéder au sacrifice ordonné par l'Empereur ; ils seront nommés les "lapsi" et la question de leur réintégration au sein de l'église se posera après la fin des persécutions en 251.

Malgré le retour sanglant à la tradition romaine séculaire, aucun des problèmes affrontés par ROME n'est résolu :
Les frontières sont toujours aussi poreuses et font face aux invasions sans cesse plus profondes des peuples barbares
Les épidémies de peste ou de typhus continuent leurs ravages, faisant plusieurs milliers quotidiens de morts à ROME où les cadavres jonchent les rues
Dans ces conditions, l'économie est dans un état désastreux, dans l'impossibilité d'apporter le minimum vital dans les grandes villes de l'Empire.
En MOESIE, les Goths et les Dasques réunis sous la bannière du roi CRIVA ont de nouveau franchi le DANUBE et s'enfoncent très profondément en territoire impérial, pillant les villes, massacrant les habitants ou les faisant prisonniers pour les revendre comme esclaves.

la situation est tellement grave que DECE doit lever des troupes pour partir sur place, avec son fils aîné dont il voulait faire son successeur, et écraser définitivement les barbares.
Les combats dureront six mois et tourneront tantôt à l'avantage des uns, tantôt à l'avantage des autres. A l'été 251, DECE qui a remporté quelques succès, plutôt que de renforcer ses frontières, décide de poursuivre ses ennemis et leur coupe la route dans la plaine de la DOBROUDJA ou va se dérouler le combat décisif.
Or il n'a pas lieu en milieu découvert, terrain les légions peuvent se déployer et user de toute leur puissance, mais dans des sols marécageux favorables au combat individuel où excellent les Goths.
Le fils de DECE périt d'abord sous une flèche ennemie, mais son père continue à exalter ses troupes au combat en criant que "la mort d'un soldat n'est pas une grande perte pour la république" ; puis c'est lui-même qui succombe, entraînant dans la mort une grande partie de son armée. Destin terrible pour celui qui avait voulu restaurer la grandeur de ROME en persécutant les chrétiens, et dont le fils cadet laissé à ROME pour perpétuer la dynastie, mourut au même moment de la poste
Dépouillé de son armure et de ses vêtements, le corps de DECE sera ainsi abandonné sur le champ de bataille et ne sera jamais retrouvé.
Quelques années plus tard, le grand historien chrétien LACTANCE écrira de DECE dans son ouvrage LA MORT DES PERSECUTEURS ces paroles terribles : "Car étant allé contre les Carpes, qui s'étaient emparés de la Dacie et de la Mœsie, il fut enveloppé par ces barbares, qui le tuèrent avec une partie de ses troupes. Il ne jouit pas même des honneurs du tombeau, et son corps n'eut pour sépulture que le ventre des bêtes sauvages et des vautours, comme le méritait un ennemi de Dieu."

Bien que très bref, son règne laisse des traces terribles dont des monuments comme la Basilique SAINT SERNIN nous restituent le souvenir.

LE MARTYRE DE SAINT SATURNIN (ST SERNIN)

Même à TOULOUSE, l'antique TOLOSA, ville impériale éloignée des marches de l'Empire et des incursions barbares, l'Edit de DECE eut des effets désastreux.
La petite communauté chrétienne dont SATURNIN est le premier Evêque est soumise à l'obligation de sacrifice au culte impérial. Pour célébrer la messe, SATURNIN place plusieurs fois par jour devant le TEMPLE, installé sur l'actuelle Place Esquirol ; les Prêtres et les fidèles de l'ancienne religion lui enjoignent de venir sacrifier avec eux un taureau qu'ls s'apprêtent à égorger pour l'honneur et l'apaisement de leurs dieux. Le refus de SATURNIN leur est insupportable, d'autant plus qu'il outrage une volonté impériale qui l'expose au châtiment de mort. Ils l'attachent donc au taureau, rendu furieux par leurs soins, qui descend les marches du TEMPLE entraînant avec lui SATURNON dont la tête explose sur les premières marches. Il traînera ainsi le corps de SATURNIN en empruntant l'actuelle rue St Rome, la Place du Capitole puis la rue du Taur où le corps se détachera devant l'actuelle église du Taur. La rue du Taur et l'église Notre-Dame du Taur commémorent le parcours sanglant et la mort de saint Saturnin. 

Une modeste basilique fut érigée au Ve siècle, au dessus de sa sépulture (le nom de saint Sernin est une transposition occitane de Saturnin). L'exceptionnelle popularité du martyr toulousain contribua vite à l'afflux des pélerins.
La communauté de chanoines qui assurait la garde des reliques se vit contrainte de voir très grand pour mieux accueillir les pèlerins. Ainsi fut élevée au XIe siècle la basilique actuelle. L'essor du pélerinage de Compostelle ne tarda pas à faire de Toulouse une étape incontournable. L'autel, le chevet et le transept furent consacrés en 1096 par le pape Urbain II. Mais la construction se poursuivit tout au long du XIIe siècle. Les constructeurs utilisèrent d'abord la pierre et la brique, jusqu'à la hauteur des tribunes. Mais la cherté de la pierre les contraignit à n'utiliser que la brique dans les parties hautes de l'édifice. Un magnifique cloître et une importante abbaye flanquaient le nord de la basilique. Tou fut rasé au-cours des premières années du XIXe siècle. Le musée des augustins recueillit alors une partie des sculptures.
Vers le milieu du XIXe siècle, l'architecte Viollet-le-Duc réalisa une longue série de restaurations. Elles furent reprises par le service des monuments historiques entre 1968 et 1998.

 

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